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Vers un nouveau modèle d'épargne ? Trois questions à une conseillère en gestion de patrimoine

Dans un contexte tendu pour les fonds en euros et de baisse du taux d'intérêt du livret A, les épargnants vont nécessairement devoir introduire plus de risque dans leurs placements s'ils veulent du rendement, analyse Delphine Landes, associée chez le cabinet indépendant de conseil en gestion de patrimoine Baussant Conseil. 

De quelle façon les annonces récentes autour de l'assurance-vie ou du livret A peuvent-elles peser sur le comportement des épargnants ? 

Dans un contexte de taux bas, les assureurs nous ont prévenus au début de l’automne 2019 : le fonds en euros, qui garantit le capital investi, ne pourra plus délivrer autant de rendement que par le passé. Il en est de même pour les livrets préférés des Français, au 1er février 2020 le taux du livret A et du LDD passera de 0,75 % à 0,50 %. En parallèle, les assureurs ont mis en place des contraintes d’investissement sur leurs fonds en euros. Aujourd’hui, il n'y a quasiment plus d’assureurs acceptant un versement à hauteur de 100 % sur le fonds en euros. Nous assistons à un changement de paradigme pour l'épargnant : pour essayer de trouver un peu plus de rendement, il faudra donc à l’avenir investir différemment et prendre plus de risque.  

Comment l'offre peut-elle s'adapter à ces changements ?

Les assureurs essayent de se réinventer et leurs gammes de fonds s’étoffent. C’est ainsi que les fonds immobiliers (SCPI, SCI) font leur entrée dans certains contrats d’assurance-vie et peuvent être une alternative au fonds en euros. Ces fonds ne garantissent pas le capital mais permettent d’aller chercher une performance assez régulière, sans s’exposer aux fluctuations des marchés financiers. Par exemple, les SCPI classiques ont généré une performance d’environ 3,50 % après retenue des frais de gestion du contrat, en 2019. Il faut savoir que les assureurs doivent garantir la liquidité de ces actifs, c’est pourquoi les investissements sur ces supports immobiliers sont très encadrés (il n’est pas possible d’investir la totalité de son versement en assurance-vie sur ces supports, il peut y avoir des pénalités en cas de rachat les premières années d’investissement…). Par ailleurs, les frais d’acquisition de ces supports immobiliers varient entre 2 % et 10 %, l’épargnant doit donc disposer d’un horizon de placement assez long pour les amortir. Enfin, même si les SCPI, SCI et OPCI sont détenues au sein d’un contrat d’assurance-vie, leurs valorisations rentrent dans l’actif taxable des épargnants redevables de l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI). Cette fiscalité viendra donc impacter le rendement de ces fonds immobiliers.

Pour les investisseurs les plus dynamiques, qui ont un horizon long terme (supérieur à 8 ans), les assureurs proposent également des solutions. Notons par exemple qu’un nombre croissant de contrats d’assurance-vie autorisent aujourd’hui d’investir sur les actions en direct et/ou sur les trakers (fonds qui répliquent leur indice de référence, comme par exemple le CAC40). Les fonds structurés peuvent également être une idée d’investissement. Ces fonds permettent de s’exposer aux marchés actions tout en limitant les risques de perte. Pour bénéficier de cette garantie en capital partielle (elle est généralement de 50 % maximum), l’épargnant s’engage à conserver son investissement jusqu’à l’échéance (souvent 8 ou 10 ans) sous peine de pénalités de sortie anticipée. Avec ce type de placement, l’épargnant ne bénéficie pas de la totalité des performances en cas de hausse des marchés actions mais il est protégé, en partie, contre la baisse.

Quel type d'allocation peut-on envisager dans ce contexte ? Ce dernier est-il finalement propice à la démocratisation de fonds "responsables" ? 

Nous pensons que le fonds en euros ne peut pas disparaître totalement d’une allocation prudente ou équilibrée. Et conserver quelques liquidités sur son livret A reste indispensable pour faire face aux imprévus même si cette épargne rapporte très peu. Les CGP et les épargnants devront s’adapter à cette nouvelle donne. Pour être un peu plus performantes, les allocations devront être un peu plus risquées et un investissement sur un horizon d’au moins 5 ans sera nécessaire. À côté des fonds en euros, cohabiteront les fonds immobiliers et les fonds actions. Ce contexte va effectivement être propice aux OPCVM (fonds) socialement responsables car ils ont une vision long terme et avec leur approche ESG de l’entreprise, ils permettent de donner plus de sens à son épargne. Nous constatons également que les supports immobiliers accordent une place de plus en plus importante à leur impact sur l’environnement.

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