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Stratégie ISR : quelles informations regarder ?

À l’heure où l’offre de fonds étiquetés durables explose, il devient de plus en plus important pour l’épargnant de savoir identifier les informations pertinentes sur la qualité des stratégies mises en œuvre.

Difficile de passer à côté. Avec un développement tous azimuts ces dernières années, marqué par une forte croissance des encours et une multiplication des initiatives réglementaires et privées, l’investissement socialement responsable (ISR) s’est désormais taillé une place de choix dans le paysage financier mainstream, et il se passe rarement une semaine sans qu’un nouveau produit durable ne fasse son apparition sur le marché. Mais si cette évolution constitue un signal globalement positif de la part du secteur de la gestion d’actifs, elle soulève également des questions relatives à la lisibilité de l’offre pour les investisseurs. L’investissement responsable se caractérisant par une grande variété d’approches, il devient en effet nécessaire de proposer une information de qualité sur les stratégies et objectifs retenus ainsi que sur le degré de prise en compte réelle des facteurs ESG (Environnement, Social, Gouvernance) dans la gestion des fonds.

Ce à la fois pour permettre aux investisseurs de sélectionner des produits correspondant à leurs attentes, mais également pour se prémunir d’une forme de greenwashing consistant à qualifier de "durables" tous les fonds prenant en compte des critères extra-financiers. "Aujourd’hui, il est devenu compliqué pour un investisseur de se passer de l’ESG dans son analyse de risques et d’opportunités, et la réglementation européenne tend de toute façon vers la prise en compte systématique de ces facteurs quel que soit le fonds, observe Anne-Claire Imperiale, co-responsable de la recherche ESG chez Sycomore. En revanche, le caractère ESG d’un fonds qui ne ferait qu’intégrer ces sujets dans son analyse sans en faire de critères de sélection des valeurs ne devrait pas être central dans sa commercialisation et sa communication".

Normalement aujourd’hui aucun fonds ne peut s’appeler ISR, ESG ou durable si les éléments ESG ne sont pas pris en compte de manière suffisamment significative dans le processus de gestion.

Mais alors comment s’assurer de la profondeur des process mis en œuvre par les fonds ISR ? Dans cette quête d’informations, la première chose à regarder est la documentation réglementaire, insiste Anne-Claire Imperiale, et plus particulièrement le document d’information clé pour l’investisseur, ou DICI, et le prospectus du fonds. "Ces deux documents livrent des éléments sur l’objectif et le processus d’investissement du fonds ainsi que sur la manière dont sont analysés les sujets ESG par la société de gestion". Dans le premier, la partie "Objectif et politique d’investissement" doit par exemple contenir des informations sur l’approche responsable ainsi que sur l’impact visé.

Ils ont par ailleurs la particularité d’être revus par l’Autorité des marchés financiers (AMF), qui s’est attaquée récemment au sujet du greenwashing en publiant une doctrine en matière d’informations des investisseurs visant "à assurer une proportionnalité entre la réalité de la prise en compte des facteurs extra-financiers dans la gestion et la place qui leur est réservée dans la communication aux investisseurs".

"Normalement aujourd’hui aucun fonds ne peut s’appeler ISR, ESG ou durable si les éléments ESG ne sont pas pris en compte de manière suffisamment significative dans le processus de gestion, prévient ainsi Anne-Claire Imperiale. A ce titre, l’obtention de label ISR, dont certaines exigences sont communes avec la doctrine de l’AMF, reste un premier gage de qualité."

En parallèle, le code de transparence, exigé pour toutes les sociétés de gestion proposant des fonds se réclamant de l’ISR et adhérents à l’AFG ou au FIR (Forum de l’Investissement Responsable), doit également fournir des informations complètes sur les processus de gestion, les moyens alloués à la recherche ESG ou encore les engagements en matière d’ISR. Mis à jour annuellement, il est disponible sur les sites internet des sociétés de gestion et constitue d’ailleurs un pré- requis pour l’obtention du label ISR en France, du label Towards Sustainability en Belgique ou encore du label FNG en Allemagne. "Le chapitre 4 ‘Processus de gestion’ est particulièrement intéressant pour les investisseurs puisqu’il décrit les facteurs ESG pris en compte pour la construction du portefeuille, voire les inventaires des portefeuilles", commente Anne-Claire Imperiale.

Depuis 2015, l’article VI de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte impose à l’ensemble des sociétés de gestion et des fonds de plus de 500 millions d’euros d’encours de rendre compte de la manière dont les facteurs ESG sont pris en compte et de son influence sur la qualité ESG des portefeuilles. Par ailleurs, le label ISR exige un reporting extra-financier intégrant des indicateurs de performance ESG et de droits humains à comparer à l’indice de référence du fonds. "Ainsi, au-delà des moyens déployés pour intégrer les facteurs ESG, ces reportings permettent aux investisseurs d’identifier la cohérence des résultats obtenus avec l’objectif du fonds", poursuit Anne-Claire Imperiale.

Plus accessibles et pédagogiques pour l’épargnant, la politique d’Investissement responsable et la politique d’exclusion constituent également de précieux documents pour vérifier l’adéquation entre les discours et les pratiques. "La première n’est pas un reporting, mais une politique dans laquelle la société de gestion va pouvoir expliquer son approche, pourquoi elle pratique l’investissement responsable et comment elle le fait. Il y a une obligation de formaliser une politique de ce type au niveau du label ISR".

La seconde permet de son côté de savoir com- ment la société se positionne vis-à-vis de certaines activités telles que le tabac ou le charbon.

"Dans tous ces documents, la lisibilité et la cohérence des informations peuvent aiguiller l’investisseur sur la qualité de la gestion ISR : par exemple dans le reporting extra-financier, est-ce qu’il n’y a que les quatre indicateurs imposés par le label ISR répartis sur deux pages ou est-ce qu’il y a une description détaillée de ces indicateurs ou d’autres indicateurs plus spécifiques ainsi qu’un commentaire sur leur lien avec les objectifs du fonds ? précise Anne-Claire Imperiale. Généralement, on sent assez rapidement dans la documentation du fonds si la société de gestion cherche juste à cocher une grille ou si elle va plus loin".

Enfin, à l’échelle de la société de gestion, d’autres initiatives peuvent montrer l’engagement en faveur de la finance responsable. C’est le cas chez Sycomore AM, qui est devenue, début 2020, le premier gérant à inscrire une mission dans ses statuts, à savoir "Nous investissons pour développer une économie plus durable et inclusive et générer des impacts positifs pour l’ensemble de nos parties prenantes. Notre mission : humaniser l’investissement. » et qui publie également chaque année un reporting RSE à l’échelle de la société. "Nous ne nous arrêtons pas uniquement à notre démarche d’investisseur responsable, nous prenons également des engagements en tant qu’entreprise responsable vis-à-vis notamment de nos collaborateurs, conclut Anne-Claire Imperiale. Nous assumons cette responsabilité à travers toutes nos parties prenantes et pas uniquement via nos investissements".

En partenariat avec Sycomore AM. 

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