France: le plan de relance a surtout bénéficié aux entreprises privées, selon l'Observatoire des multinationales

Les entreprises privées ont été les principales bénéficiaires du plan de relance post-Covid de la France, percevant jusqu'à deux tiers des près de 73 milliards d'euros de fonds déjà dépensés, selon un bilan publié mardi par l'Observatoire des multinationales.

L'association, qui enquête régulièrement sur les dividendes versés par les groupes du CAC 40 ou les stratégies d'influence des multinationales, rappelle qu'à l'origine, les 100 milliards du plan France Relance devaient être dépensés pour la transition écologique (30 milliards d'euros), la compétitivité des entreprises (34 milliards) et la cohésion sociale (36 milliards).

Près de quatre ans après la présentation du plan, l'Observatoire des multinationales assure qu'"au moins 29,5 milliards d'euros ont bénéficié directement aux entreprises".

Parmi ces aides directes, les 20 milliards d'euros de baisse des impôts de production occupent une place prépondérante.

"À ces mesures de soutien direct, il faut ajouter 17,7 milliards d'aides à l'emploi, comme les subventions pour l'embauche de jeunes et d'apprentis", poursuit l'association. "Et sans doute aussi les aides" à la rénovation ou à l'achat de voitures électriques, qui ont certes profité d'abord aux consommateurs mais aussi "aux fournisseurs des produits et services concernés".

Avec ce calcul au périmètre large, "la proportion des dépenses de relance qui ont bénéficié exclusivement ou en grande partie aux entreprises dépasse dès lors les deux tiers des sommes décaissées", conclut l'Observatoire.

Les organismes publics (Etat, collectivités locales, SNCF...) ont eux capté 19% des montants déjà dépensés, tandis que 11% des fonds déboursés sont déclarés "inclassables" par l'association.

Pour la chercheuse au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) Nadine Levratto, citée par l'Observatoire, le plan de relance "s'inscrit dans le schéma classique de transformation de la société via le tissu productif et les aides individuelles aux entreprises", au détriment de l'investissement dans les services publics.

"Or, quand on regarde les déterminants de la croissance et de la localisation des entreprises, la qualité des services publics joue beaucoup", ajoute-t-elle.

Comme le comité d'évaluation de France Relance, qui avait lui-même jugé en janvier l'exercice "particulièrement complexe", l'Observatoire des multinationales déplore la difficulté à identifier les bénéficiaires finaux du plan.

Là où le comité d'évaluation estimait dans son rapport final que 21 milliards d'euros avaient été dépensés pour la transition écologique, "nous n'avons pu flécher que 15,24 milliards d'euros" déboursés sur ce volet du plan de relance, fait valoir l'Observatoire.

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