L'année 2022 a été la plus chaude jamais enregistrée en France. Un record qui, selon les projections climatiques, est en passe de devenir une nouvelle norme. Malgré l'objectif fixé par les accords de Paris en 2015 de ne pas dépasser un réchauffement de plus de 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle (1850), l'ONU vient d'annoncer que les engagements actuels des pays conduisent plutôt la planète vers un réchauffement de l'ordre de 2,9°C d'ici 2100. Parmi les manifestations déjà évidentes des modifications du climat : les vagues de chaleur. Chaque année plus prolongés et intenses, les épisodes caniculaires sont particulièrement insoutenables dans les environnements urbains, peu adaptés à de telles extrémités.
Réchauffement climatique en France : +1,9°C par rapport à l’ère pré-industrielle
La hausse globale des températures depuis l'ère préindustrielle est actuellement estimée à 1,1°C à l'échelle mondiale. En France, cette augmentation atteint déjà 1,9°C. Bien que perceptibles tout au long de l’année, les canicules, sont des manifestations critiques de ce réchauffement. Entre 1980 et 1989, la France enregistrait en moyenne trois jours de canicule par an. Entre 2013 et 2022, ce chiffre est passé à douze. Il pourrait de doubler d'ici 2050.
Sur-exposition des zones urbaines aux vagues de chaleur
Le réchauffement climatique n'affecte pas uniformément tous les territoires. Les zones urbaines, en raison de leur urbanisation intensive, se révèlent souvent plus vulnérables que les zones rurales. Le béton, l'asphalte et le manque de végétation qui s’y trouve créent des îlots de chaleur qui amplifient les montées de température.
Les 10 villes les plus sensibles au réchauffement climatique
Une étude de la plateforme de réservation de vacances en ligne Holidu, basée sur les données d'Infoclimat, a dressé un palmarès des villes françaises les plus touchées par le réchauffement climatique. Réalisée à partir des données d’Infoclimat, cette étude - non scientifique - compare la température moyenne en juillet des villes françaises de plus de 50 000 habitants sur les périodes 1989-1993 et 2019-2023.
En tête de liste : Ajaccio. La métropole corse est celle qui ressent le plus sensiblement les effets du réchauffement climatique. La température moyenne en juillet est passée de 22,4°C entre 1989 et 1993 à 24,9°C sur la période 2019-2023, soit une augmentation d'environ 11%. Sans surprise, 6 des 10 premières places sont occupées par des villes du sud-est : Nice, Cannes, Marseille, Nîmes, Hyères et Avignon. Un constat qui soulève des interrogations sur l'avenir de cette zone densément peuplée. Plus surprenant, La Roche-sur-Yon, commune vendéenne, se hisse à la troisième marche du podium, rappelant que les défis posés par le réchauffement climatique ne se limitent pas à la moitié sud du pays. Enfin, Lyon et Chambéry, qui représentent l'Auvergne-Rhône-Alpes, se classent respectivement à la 7ᵉ et à la 9ᵉ place, avec des hausses de température de 8,74 % et 8,31 %.
Canicules : un enjeu de sécurité, de raréfaction des ressources et de santé publique
La montée des températures pose de véritables problématiques de santé publique, de sécurité et de raréfaction des ressources. Les fortes chaleurs entraînent des pertes de rendements agricoles, contribuent à l'érosion de la biodiversité et accroissent les risques de sécheresse et de raréfaction de l'eau. Une situation qui accentue les risques d'incendie et impacte la production électrique, aussi bien au niveau hydroélectrique en raison du niveau plus bas des réservoirs de barrages, qu'au niveau des centrales nucléaires dépendantes des cours d'eau pour leur refroidissement.
Problèmes cardiovasculaires, difficultés respiratoires ou fatigue sévère, les canicules ont également des effets considérables sur la santé humaine pouvant parfois conduire jusqu’à la mort. Selon Santé Publique France, les épisodes caniculaires ont provoqué le décès prématuré de 2816 personnes en 2022, un chiffre qui pourrait doubler d’ici la fin du siècle si les émissions de gaz à effet de serre poursuivent leurs trajectoires actuelles. Les populations vulnérables, telles que les personnes âgées, les femmes enceintes, les nourrissons et les sans-abris, sont aussi les plus touchées par les effets sanitaires de la chaleur.
Accroissement des fortes chaleurs en ville : quelles solutions ?
La canicule la moins destructrice est celle qui n’a pas lieu. Ainsi, le premier levier pour lutter contre les vagues de chaleur est la réduction significative des émissions de gaz à effet de serre pour contenir le réchauffement climatique à un seuil contrôlable. La décarbonation de nos sociétés sous tous ses aspects est cruciale à cet égard, dans tous les domaines des leviers d'atténuation des émissions sont proposées par le GIEC. Cependant, même avec des engagements exemplaires, les températures continueront de grimper. Des mesures d'adaptation doivent donc être mises en place, notamment dans les pôles urbains, pour réinventer nos métropoles et les rendre plus résilientes aux conditions climatiques extrêmes qui tendent à devenir la norme.
Parmi les nombreuses solutions envisageables, citons la rénovation énergétique des bâtiments, la végétalisation des espaces urbains, l'augmentation des points d'eau, la limitation de la bétonisation, la préparation aux risques d’incendie ou encore une gestion plus réfléchie de l'eau. Autant des dispositifs cruciaux pour assurer la durabilité et le bon-vivre des villes françaises.
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