Flora Fisher, dermatologue et autrice du livre Confidence d'une dermatologue.
© Flora Fisher
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"On ne se lave pas trop, mais on se lave mal"

Comment se laver sans nuire à sa peau et à l’environnement ? C’est la question à laquelle répond Flora Fischer, médecin et autrice du livre “Confidence d’une dermatologue” paru aux éditions Robert Laffont en février 2021.

Perturbateurs endocriniens, parfums, conservateurs... l'offre cosmétique actuelle présente de nombreux risques pour la santé et l'environnement. Entretien avec Flora Fisher, dermatologue et autrice du livre Confidence d'une dermatologue.

Pensez-vous que nous nous lavons trop ?

On ne se lave pas trop, mais on se lave mal. Il convient de se laver rapidement en prenant une douche tiède et pas un bain moussant qui dure des heures. Il faut éviter les produits qui agressent la peau ou qui ont une mauvaise action sur la barrière hydrolipidique.

Comment savoir quels produits choisir ?

Cela peut être compliqué de trouver des produits sans parfum, ni éléments agressifs comme les perturbateurs endocriniens, qui utilisent peu d’emballages plastiques. Même pour ce qui est des cosmétiques bios, ils n’ont pas forcément de bonnes notes sur les applications comme Yuka. Ce n’est pas parce qu’un produit est bio qu’il est bon pour la santé. Certaines grandes marques disent que les produits qu’ils utilisent sont naturels et bons pour la peau, mais leur composition contient des ingrédients qui ne devraient plus être utilisés.

Il faut utiliser des produits qui contiennent le moins d’ingrédients possibles, ce n’est pas la peine d’acheter des cosmétiques remplis de conservateurs, de parfums, d’agents tensioactifs et de perturbateurs endocriniens. Il existe des produits plus naturels et moins complexes qui sont très efficaces.

Le mouvement “unwashed” incite les gens à ne plus se laver, que pensez-vous de ce choix ?

Il ne faut pas passer d’un extrême à l’autre, il est possible de continuer à se laver sans utiliser des produits agressifs et en protégeant l’environnement. Il y a un juste milieu qui correspond aussi à l’activité physique et au lieu de vie. Une personne âgée qui transpire peu aura moins besoin de se laver que quelqu’un qui habite à Paris et qui a une vie trépidante, toujours en train de courir.

D’un point de vue sanitaire, il suffirait de se laver en cinq minutes tous les jours."

Concernant les cheveux, quels sont les gestes à adopter ?

Comme pour le tube digestif, nous avons un microbiote au niveau de la peau et du cuir chevelu qu’il faut respecter, le décaper tous les jours peut l’abîmer. Il ne faut pas se laver les cheveux tous les jours. C’est vrai qu’avec la pollution, on a tendance à vouloir faire des shampooing de manière rapprochée mais il faut éviter. Tout dépend du type de cheveux. Si ils sont crépus ou frisés, ils doivent être moins lavés. À l'inverse, les adolescents aux cheveux raides devront les laver plus souvent. 

Il y a des idées reçues autour du savon, même bio, peut-il agresser la peau ?

Le savon de Marseille est de nouveau à la mode parce qu’il est sans plastique et que la savonnette dure plus longtemps. Le vrai savon de Marseille homologué est bon pour la peau. Comme nous avons l’habitude des produits moussants, la première utilisation de ce savon peut ne pas être agréable puisqu’il ne mousse pas, il n’y a pas d’impression de moment de bien-être.

Faut-il éviter le parfum dans les cosmétiques ?

Le parfum est allergisant et très irritant pour la peau. Il en va de même pour les parfums naturels que l’on trouve dans les cosmétiques bio. Les produits bons pour la peau ne sentent pas, ils devraient être neutres. Cela peut être difficile pour le consommateur qui a l'impression de perdre l’aspect bien-être. Quand il utilise un savon qui sent bon, il a l’impression d’être propre alors que le parfum du gel douche est assez temporaire et disparaît peu de temps après la douche. 

Quelles sont les conséquences d'une utilisation trop fréquente de produits contenants des perturbateurs endocriniens et autres ingrédients toxiques ?

Les perturbateurs endocriniens sont, pour ceux dont nous connaissons les caractéristiques, cancérigènes. Si nous faisons déjà attention au tabac et à l’alcool, il faudrait aussi se méfier de tout ce que nous utilisons pour la peau, même si le contact est court. Les gens sont de plus en plus vigilants concernant les déodorants depuis que des liens ont été établis entre les perturbateurs endocriniens et le cancer du sein.

Une interview réalisée en partenariat avec France Inter. Écoutez la chronique Social Lab ici.

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