Le projet de pass rail est considéré trop coûteux pour les régions.
©Leonid Andronov/Canva
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Pourquoi les billets de train semblent-ils chers ?

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Mode de transport préféré en France, le train est aussi jugé "trop cher" par une partie des Français. En cause : l’augmentation des tarifs des billets de TGV au moment des fêtes de fin d’année et des vacances scolaires. Alors, comment expliquer une telle fluctuation de prix ? Et peut-on vraiment dire que le train est trop coûteux ? ID fait le point. 

Chaque année, le même scénario se répète. A l’approche des congés, les Français se précipitent pour acheter leurs billets de train dès l’ouverture des ventes. Résultat : les prix s'envolent, et ce d’année en année. Alors qu’en 2023, le coût du TGV avait connu une hausse de 5 %, la SNCF a annoncé que celui-ci devrait augmenter en moyenne de 2,6 % en 2024. Une question se pose alors chez de nombreux voyageurs : pourquoi les billets de train, et plus particulièrement de TGV, sont-ils si chers ? 

Pour comprendre les prix élevés sur les lignes à très grande vitesse, il faut d’abord regarder comment ceux-ci sont fixés. Pour décider de sa politique tarifaire, la SNCF a notamment fait le choix du "yield management", une technique d’optimisation qui permet de faire varier la tarification en fonction de l'offre et la demande. Concrètement, si les trains sont vides, les prix baissent pour attirer des voyageurs. A l'inverse, si les trains se remplissent vite, les billets augmentent, et notamment aux heures de pointe ou lors des périodes de forte affluence.

La valse des prix

Cette pratique commerciale est intégrée par les usagers. Pour payer moins cher, certains ont pris l’habitude d’anticiper leurs voyages le plus tôt possible ou de décaler les dates de leur séjour pour des plages moins recherchées.  

Pour fixer les tarifs de ses billets de TGV, la SNCF tient également compte des charges pour l’entretien des trains, la construction de nouvelles lignes. Lors de l’achat d’un titre, le voyageur paye également la TVA – qui représente 10 % du prix, l'électricité - taxée à hauteur de 20 % contrairement au kérosène utilisé pour faire voler les avions qui est exempté de taxation. Un billet de train inclut aussi le droit de péage. En France, il représente 40 % du prix du billet ce qui en fait le plus élevé de toute l’Europe. Dès lors, comment diminuer ces différents coûts ?

Pour rendre les billets de train plus abordables, l’une des solutions en cours de développement est l'ouverture à la concurrence. L’arrivée de nouveaux acteurs doit permettre d’augmenter l’offre ferroviaire et par conséquent faire diminuer les prix des billets sur les lignes non subventionnées, comme c’est le cas dans certains pays européens. En France, deux compagnies étrangères ont fait leur entrée sur le marché : l’Italienne Trenitalia, qui relie Paris à Milan, en passant par Lyon, depuis 2021, ainsi que l’Espagnole Renfe lancée sur les rails du réseau français en 2023. 

Le saviez-vous ?

Le TGV ne bénéficie pas de subventions publiques contrairement aux Intercités, TER et Transiliens dont une partie des frais est en charge par l'Etat.

En quête de solutions 

Pour que les prix baissent, il faut aussi augmenter le nombre de rames au sein même du réseau SNCF. Et cela passe notamment par la rénovation et le développement de nouvelles lignes. En 2023, la Première ministre Elisabeth Borne avait ainsi annoncé une enveloppe de 100 milliards d’euros jusqu’en 2040 pour financer ce chantier. 

Parmi les autres pistes proposées : la baisse des prix des péages ferroviaires, la relance du train de nuit ou encore la création d’un ticket-climat, comme suggéré par Greenpeace dans un rapport publié en mai 2023. Tel que défini par l’ONG, il s’agit d’"un forfait qui permettrait d’utiliser l’ensemble des transports ferroviaires publics (hors TGV) de manière illimitée, et à un prix abordable (...). Ce forfait permettrait un report modal de la voiture individuelle et de l’avion vers le train". Cette proposition est notamment inspirée de l’abonnement "Deutschlandticket", lancé en Allemagne en mai 2023, et qui permet d’emprunter l’ensemble des transports publics de manière illimitée. 

Un enjeu économique et écologique  

Fixé à 49 euros par mois, ce passe a également donné des idées au gouvernement, puisqu’en septembre dernier l’ex-ministre des Transports Clément Beaune a annoncé le lancement d’un "pass rail" d’ici l’été 2024, comme celui développé Outre-Rhin. Toutefois, après plusieurs mois de négociations avec les régions, les modalités d’application ont été quelque peu revues. Contrairement à la version allemande destinée à tout voyageur, quel que soit son âge, le passe s'adressera uniquement aux jeunes Franciliens de moins de 27 ans et sur un périmètre déterminé : en juillet et en août sur les réseaux TER et Intercités, sauf ceux d’Ile-de-France. 

Un coup de pouce limité donc. Renforcer l'accessibilité aux mobilités ferroviaires s'impose pourtant comme un enjeu économique mais aussi écologique majeur. En effet, parmi l’ensemble des moyens de transport, le train est aujourd’hui celui qui pollue le moins. 

A titre indicatif, un trajet Paris-Marseille émet 2,2 kg CO2e en TGV, 6,76 kg CO2e en Intercités, 22,8 kg CO2e en autocar, selon l’ADEME. En voiture, les émissions décollent : 80,1 kg CO2e avec un moteur électrique et 169 kg CO2 avec un moteur thermique. En avion, elles atteignent 171 kg CO2e...

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