Des manifestations pour soutenir le monde viticole ont déjà eu lieu en novembre 2023.
©Justine Bonnery et Hans Lucas/AFP
Conso

Viticulture : comment soutenir les producteurs de vin ?

Le secteur viticole est au centre des révoltes du monde agricole ces derniers jours en France. L'industrie est victime d'une baisse drastique de la consommation et des effets du dérèglement climatique. Les vignerons souhaitent comprendre les attentes des consommateurs pour pouvoir y répondre au mieux. Ils demandent aussi au gouvernement de réduire la surface de production du vin.

Boire du vin pour sauver les viticulteurs ? Certes, mais cette réponse reste à nuancer. En pleine révolte du monde agricole, la viticulture est souvent citée par les syndicats d’agriculteurs comme l’un des secteurs les plus en crise. À tel point que le Ministère de l’Agriculture a annoncé mercredi 31 janvier un fond d’urgence de 80 millions d’euros destiné au monde viticole.

Engager la communication entre viticulteurs et citoyens

Bernard Farges est vigneron et vice-président du CIVB (Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux). Interrogé par ID, il confie que la problématique du monde viticole de nos jours est la baisse de la consommation. Il se désole de cette tendance, qui "s’observe depuis des décennies mais s’accélère ces derniers temps, surtout pour le vin rouge". En effet, d'après l'Insee, la consommation de vin des Français par personne et par an passe de 127,5 litres en 1960 à 36,1 litres en 2018, soit une baisse de 72 %.

Or, Bernard Farges estime que le monde viticole est "prêt à être à l’écoute des consommateurs". Pour cela, le vigneron incite ces derniers à "s’adresser aux acteurs du monde du vin pour que ceux-ci puissent répondre à leurs attentes". Il est conscient de l’évolution des modes de vie vers moins de grands repas partagés et de la baisse de la popularité du vin au profit d’autres alcools, surtout chez les jeunes.

Le viticulteur tente de sonder les esprits : "peut-être que les Français souhaitent des tailles de bouteilles différentes, peut-être que le contenant en verre ne doit plus être le seul adapté…". Il s’interroge également sur les modes de distribution : "est-ce que l'on ne devrait pas proposer du vin en tireuse dans les festivals ?"Autant de doutes que les consommateurs sont en mesure d'éclaircir.

S’informer davantage sur le vin

Un autre conseil de Bernard Farges aux potentiels clients reste tout simplement d'"être curieux". Il est conscient des effets du vin sur la santé, mais estime que les consommateurs sont parfois peu informés sur le sujet. Le vigneron affirme que le vin rouge est souvent perçu comme plus calorique qu’il ne l’est en réalité, et qu’il possède certaines vertus.

Il reconnaît également les dangers de la consommation excessive d’alcool sur la santé publique, mais nuance : "la loi Evin contre le tabagisme et l’alcoolisme, limitant la communication sur l’alcool, n’a malheureusement pas fait baisser l'alcoolisme en France". En effet, bien que les maladies mortelles liées à l'alcool aient diminué depuis 2000 selon l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives, cette baisse peut aussi s'expliquer par les progrès de la médecine. En revanche, les séjours en hôpital et les maladies mentales liés à l'alcool sont respectivement en légère hausse et très légère baisse.

Nous souhaitons faire une communication positive et responsable.

"Il faut passer par l’éducation des citoyens, et nous sommes prêts à le faire. La prévention et le soin sont les meilleurs moyens de lutter contre l’alcoolisme. Nous souhaitons faire une communication positive et responsable", déclare le viticulteur.

Enfin, concernant l’art du vin, ou œnologie, Bernard Farges regrette que cette connaissance se perde : "elle est perçue comme trop intellectuelle, et moins transmise entre les générations". 

Les autres revendications des syndicats

Plus qu’aux consommateurs, les demandes des viticulteurs en ce début d’année sont surtout adressées au gouvernement. Conscient de la surproduction de vin en France, le président de la cave des Vignerons Créateurs de Bellegarde, Bruno Manzone, s’exprime sur France Bleu ce mercredi : "on demande un arrachage définitif de vignes, financièrement aidé par le gouvernement et l’Europe, de manière à rééquilibrer structurellement l’offre et la demande", déclare-t-il. Le vigneron souhaite limiter le potentiel de production et estime que "10 % des vignes ne devraient plus être là", du moins dans sa coopérative.

Enfin, les syndicats viticoles partagent les inquiétudes de tous les agriculteurs en matière de changements climatiques : les sécheresses, le gel ou encore les climats chauds et humides impactent leur production et favorisent la maladie de la vigne nommée mildiou. "L’adage dit qu’il n’y a pas un seul viticulteur qui soit climatosceptique", conclut Bernard Farges.

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