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Culture

Audiovisuel : vers des tournages plus écoresponsables ?

Comment accompagner les acteurs de l'audiovisuel vers des pratiques plus durables, notamment sur les tournages ? Invité à aborder cette question lors d'une rencontre, qui aura lieu les 8 et 9 février à l'occasion du festival TV de Luchon (Haute-Garonne), Mathieu Delahousse, régisseur et fondateur de "Secoya Ecotournage" livre quelques pistes de réflexion.

La question climatique occupera les écrans du festival TV de Luchon (Haute-Garonne) lors de sa 24ème édition qui se déroulera du 7 au 13 février 2022. Au programme, une journée dédiée à l'environnement le 10 février avec la diffusion d’une sélection de documentaires intitulée “Nature et Environnement”, mais aussi des ateliers de réflexion autour de l'audiovisuel durable. Et pour cause : selon une étude d’Ecoprod, publiée en 2020, ce secteur émet 1,7 millions de tonnes de CO2 par an. 

Consommation de gobelets en plastique, utilisation de pluies artificielles, déplacements des vedettes en avion...toutes ces activités liées aux tournages ont un impact non négligeable sur l’environnement. “Il y a des tournages plus polluants que d’autres. Un film à gros budget, tourné aux quatre coins du monde avec des hélicoptères sera plus gourmand en énergie qu’un film français réalisé à Paris ne nécessitant aucun déplacement”, relève Mathieu Delahousse, régisseur et fondateur de Secoya Ecotournage qui est invité pour parler du développement durable dans la production audiovisuelle, les 8 et 9 février à l'occasion du festival de Luchon.

Former aux gestes durables

Avec Charles Gachet Dieuzeide, un autre régisseur, il a créé en 2018 l'agence de conseil Secoya Ecotournage pour des tournages plus durables. “Notre sensibilité écologique a grandi au fur et à mesure. Avec le temps, nous nous sommes rendus compte que notre métier nous poussait à faire des choses qui n'étaient plus compatibles avec nos valeurs écologiques”, explique Mathieu Delahousse. Spécialiste des tournages en “zone extrême”, en montagne ou en mer, le régisseur a notamment remarqué l’impact que pouvait avoir une équipe de tournage de 90 personnes, des hélicoptères et des décors artificiels sur un espace naturel.

Pour changer la donne, il forme aujourd'hui les acteurs du secteur aux gestes durables. Les consultants de Secoya interviennent principalement sur la préparation des tournages. “Notre but n’est pas de les 'fliquer', mais de leur faire prendre conscience des enjeux en amont", note le professionnel, avant d'ajouter : "Des questions sont à se poser avant le tournage, en pré-production". 

Pour le film Tempête de Christian Duguay, tourné en Normandie et en Île-de-France, et qui sortira en décembre 2023, la peinture, utilisée pour les décors, a par exemple été récupérée et n'a pas été reversée dans la nature. Secoya a également travaillé à la réduction des groupes électrogènes, ces machines qui produisent de l’électricité en grande quantité grâce à un moteur essence. Selon Mathieu Delahousse, il existe des alternatives basse consommation comme les batteries rechargeables e-gene 600 de chez Panavision. 

Une prise de conscience de la filière

Dans les métiers de l’audiovisuel, d’autres acteurs se mettent au vert, notamment Provence Studio qui en mai 2021, lançait “The Next Stage”, un décor virtuel projeté sur un mur de Led qui permet au réalisateur de faire voyager ses comédiens dans n’importe quelle destination sans avoir à prendre l’avion. Les studios se sont également dotés de toits solaires. 

La société de production parisienne No Gravity Films se spécialise par ailleurs dans la prise de vue en ULM (Ultra Léger Motorisé) depuis 2015. Ces engins qui remplacent les hélicoptères sur les tournages, consomment moins d’énergie et sont moins bruyants réduisant leur impact sur les espaces naturels, d’après Mathieu Delahousse. 

Des visions responsables naissent également du côté des réalisateurs. Au cinéma depuis le 15 décembre, La Panthère des neiges de Marie Amiguet et Vincent Munier se présente comme un documentaire conscient de la question environnementale et de la place de l'Homme dans la nature. Dans un entretien avec Reporterre, la réalisatrice racontait comment elle envisage son métier sous le prisme de son engagement écologique.

Si de plus en plus d'acteurs semblent enclins à changer leurs pratiques, quelques obstacles demeurent. "Les diffuseurs et les chaînes de télévision sont de plus en plus intéressés par cette question de durabilité. Mais les boîtes de production ont peur de devoir assumer seules ces démarches", note le régisseur pour qui la répartition des forces doit se faire sur toute la filière audiovisuelle.

Pour aller dans ce sens, le CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée) dévoilait le 30 juin 2021 son “Plan Action!”. Objectif : la mise en place progressive à partir de 2022 d’une politique publique de transition écologique.

 

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