Des chercheurs ont estimé qu’un disque vinyle moderne représentait une empreinte carbone de 0,5 kg de CO2
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Culture

Retour du vinyle, quel impact sur la planète ?

Les vinyles ont un processus de fabrication polluant pour diverses raisons. Leur retour dans les bacs n’est donc pas forcément en accord avec la transition écologique.

L’artiste américaine Billie Eilish a annoncé que les vinyles de son prochain album, dont la sortie est prévue le 17 mai, seraient écoresponsables. Avec cette nouvelle, l’artiste met en lumière le problème de pollution engendré par ces disques, qui font leur retour en force ces dernières années. Selon le SNEP, Syndicat national de l’édition phonographique, 5,4 millions de vinyles se sont vendus en 2022 pour un chiffre d'affaires de 89 millions d'euros. En 2018, ce chiffre était quatre fois moins élevé. Si ce retour au vintage peut être une bonne nouvelle pour les disquaires qui voient leurs ventes remonter, la planète ne peut pas en dire autant.

Un vinyle est constitué à 43 % de PVC (Poly Vinyl Chloride), lui-même composé de deux matières premières : le sel de mer et le pétrole. Selon Greenpeace, ce type de plastique est le plus nocif pour l’environnement. "Le PVC contamine les humains et l’environnement tout au long de son cycle de vie : lors de sa production, de son utilisation et de son élimination", indique l’organisme. En 2019, Sharon George et Deirdre McKay, chercheurs à l’Université de Keele, ont estimé qu’un disque vinyle moderne représentait une empreinte carbone de 0,5 kg de CO2. 

Les principes technologiques du pressage de disques n’ont pas varié depuis un siècle"

"La vente de 4,1 millions de disques produirait 1,9 mille tonnes de CO₂, sans tenir compte du transport et de l'emballage, précise l’étude. Cela représente l'empreinte totale de près de 400 personnes par an." En 2020, The Guardian a réalisé un article sur l’impact environnemental de la production de vinyles. "Pour l’essentiel, les principes technologiques du pressage de disques n’ont pas varié depuis un siècle et ces machines elles-mêmes sont vieilles de plusieurs décennies," relate le journal britannique. Ces machines vintages sont des presses hydrauliques, particulièrement gourmandes en énergie et en eau, aussi bien pour la cuisson à la vapeur des disques que pour le refroidissement.

"Plus de la moitié du polychlorure de vinyle (PVC) utilisé aujourd’hui par les fabricants de disques aux États-Unis provient de Thai Plastic and Chemicals Public Company Limited (TPC), qui a son siège à Bangkok", précise également The Guardian. Heureusement, certaines entreprises s’engagent pour créer des vinyles dont le processus de fabrication est plus respectueux de l’environnement

Une alternative aux disques en PVC

C’est le cas de l’entreprise Evolution Music, qui a créé les vinyles en bioplastique Evovinyl. Ces derniers peuvent être pressés dans les usines actuelles, grâce à leurs machines habituelles, ce qui permet aux labels et artistes de facilement sauter le pas. "Nos premiers projets montrent des économies d'énergie d'environ 15 %, grâce à des températures de production plus basses pour le matériau Evovinyl (ndlr. que pour le PVC)", indique Evolution Music sur son site Internet. Cette entreprise conçoit notamment les disques du prochain album de Billie Eilish. 

Le PVC est un matériau très difficile à recycler et qui, s’il se retrouve en décharge, y restera probablement pour l’éternité. Les disques en PVC sont donc très résistants, ce qui leur permet d'être de véritables objets de collection. L’Evovinyl, lui, est conçu à base de canne à sucre, ce qui pose des questions sur sa durabilité. Les conditions de stockage et d’entretien des disques doivent donc être plus minutieuses. N’étant pas biodégradable, mais uniquement recyclable, ce nouveau vinyle doit tout de même résister au moins plusieurs dizaines d’années.