©Thomas Louapre/La Ruche qui dit Oui !
ÉDITO

Circuits courts, minimalisme, tri sélectif... 2019 ou le rétropédalage vers l'évidence

Cette semaine, "La Ruche qui dit Oui !" a lancé une pétition pour développer les circuits courts en France - et ainsi en finir avec les aliments ayant fait des milliers de kilomètres. Pendant ce temps, le minimalisme a le vent en poupe et les géants du fast-food ont deux mois pour se mettre en conformité avec la réglementation en matière de tri des déchets. En 2019, dans notre monde tout épineux, nous en sommes là : il nous faut réapprendre l'évidence.

Pour nos grands-parents, l'évidence, c'était ça : le poulet du dimanche midi venait de la ferme voisine, les haricots bleus, du jardin, et la chantilly qui accompagnait des fraises de saison délicieuses était faite maison. Avec une saveur incomparable perdue dans les méandres de la mondialisation. Aucune trace de capsule à café dans la cuisine ni de multiples sacs en plastique et emballages en carton en tous genres. 

Aujourd'hui, l'évidence pour beaucoup reste l'hypermarché du samedi après-midi. La foule toxique, les promos à gogo, les enfants qui hurlent en passant devant le rayon jouets "made in China", les avocats qui déforestent l'Amérique latine mais qu'on tartinera sur notre pain industriel trop sucré malgré tout, les contenants en plastique qui s'accumulent et dont on ne sait finalement pas s'ils se recyclent ou non. Les poissons feront avec. À travers un ballet infernal de caddies, on entend timidement Cabrel entonner à la radio : "Est-ce que ce monde est sérieux ?". 

Comble du comble

En 2019, comble du comble, alors que notre monde est devenu si complexe, faire marche arrière et revenir à davantage de simplicité semble être mission impossible. À coups de pétitions et d'avertissements, on demande au gouvernement, aux industriels et aux consommateurs de faire preuve de bon sens. De rétropédaler en somme. Sauf que l'on pédale dans la semoule. Top chrono, les chaînes de restauration rapide ont deux mois pour proposer un plan au gouvernement afin - d'enfin ! - trier correctement leurs déchets. Sinon, au coin ? Des amendes et des sanctions pénales, avertit Brune Poirson, secrétaire d'État à la Transition écologique et solidaire. Depuis combien d'années déjà consomme-t-on des burgers, des frites et des sodas dont les emballages terminent dans des sites d'enfouissement ? Il était peut-être effectivement largement temps de réagir. 

De son côté, le réseau de communautés d'achat direct aux producteurs locaux "La Ruche qui dit Oui !" vient de lancer une pétition intitulée "Stop aux kilomètres dans mon assiette" et notamment adressée au Ministre de la Transition écologique et solidaire François de Rugy. Sa demande, claire : que l'on arrête de consommer des aliments ayant fait le tour de la planète. Plus concrètement, que le gouvernement favorise le développement des circuits courts dans l'Hexagone. En somme, que l'on consomme à nouveau du poulet et des haricots du producteur d'à-côté. En 2019, il faut donc faire des efforts pour pouvoir consommer local, alors que cela devrait demeurer... notre évidence.

Pendant ce temps, les auteurs et podcasters américains Joshua Fields Millburn et Ryan Nicodemus, derrière le site Web The Minimalists, font un carton en proposant à leurs lecteurs et auditeurs des pistes pour atteindre un style de vie minimaliste : c'est-à-dire "apprendre" à ne plus surconsommer et à chercher le bonheur "non pas par les choses, mais par la vie en elle-même". Nous devons réapprendre l'essentiel, comme des enfants qui en auraient été privés. En espérant que cela sautera davantage aux yeux des générations futures, un peu à la manière de la Suédoise de 15 ans Greta Thünberg, qui tirait la sonnette d’alarme devant l’assemblée présente à la COP24 à Katowitz au mois de décembre dernier...

Et que ce monde deviendra (au moins un peu plus) sérieux.