Doctement, le Président de la République vient de nous éclairer en passant en revue la "planification écologique". Premier constat, l'ensemble ne manque pas d'ambition. Faire autant d'efforts durant les 7 années à venir que nous en avons fait pendant les trois dernières décennies, relève de la fanfaronnade. À moins que nous nous y collions tous afin de réduire de moitié nos gaz à effet de serre, rejoignant ainsi le clan des bons élèves.
La panoplie des gestes qui sauvent est largement développée dans le dossier "Planification écologique", chacun y trouvera la capacité d'agir à sa mesure. Mais qu'en est-il de la biodiversité ? Une nouvelle fois, elle s'inscrit dans les parents pauvres.
L'agriculture industrielle coupable de la première cause du déclin, n'est pas mise en cause. Aucune perspective de changement de paradigme. Tout au plus, les gros viandards sont priés de réduire leur consommation pour ralentir, du même coup, les gaz à effet de serre. Quant aux pesticides, tant qu'on n'a pas trouvé mieux, il faudra faire avec.
Mais revenons-en à l'écologie à la Française. Face à l'arsenal de bonnes intentions, on constate l'abyssal décalage avec la réalité de terrain. Quelques exemples : le plan loup qui vient d'être révélé n'est qu’un document à charge. Pas une ligne rappelant, comme le soulignent les scientifiques, qu'il joue un rôle dans l'indispensable régulation des sangliers et des cervidés. Est-ce ça, l'écologie à la Française ?
Un fossé entre paroles et actes
Tournons-nous maintenant vers l'arc Atlantique. Depuis plus d'une décennie, les cadavres de dauphins s'accumulent sur le littoral au point de menacer l'espèce, comme le soulignent les scientifiques de Pelagis. En cause, les filets de pêche particulièrement meurtriers entre janvier et mars.
La Commission Européenne a enjoint la France et l'Espagne de mettre en œuvre une "suspension spatio-temporelle" des pêches pour en finir avec l'hécatombe. Le Conseil d'Etat a confirmé l'injonction. En réponse, le Ministère de la Mer s'est fendu d'un projet d'arrêté tarabiscoté permettant de faire croire au changement sans mise en œuvre du remaniement attendu. Est-ce ça l'écologie à la Française ? On pourrait également évoquer la vingtaine d'espèces d'oiseaux chassables qui figurent pourtant sur la liste rouge de l'UICN malgré les promesses de normaliser ce scandale. Est-ce ça l'écologie à la Française ? Les éoliennes, tranquillement installées dans des sites Natura 2000, est-ce ça l’écologie à la Française ? Le refus de renforcer les populations d'ours pourtant recommandé par les scientifiques, est-ce ça l'écologie à la Française ? Si c'est le cas, pas sûr que nous soyons le modèle exemplaire qu'on se plait à afficher…
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