De nouvelles normes environnementales plus exigeantes pour les bâtiments entreront en vigueur à partir de début 2022.
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Construction, rénovation... Comment privilégier des matériaux vertueux ?

[DOSSIER HABITAT DURABLE] Particuliers et professionnels sont concernés par l’impact environnemental des logements : ceux qu’ils habitent, ou ceux qu’ils construisent. Quels sont les enjeux, les objectifs et les solutions que l’on connaît aujourd’hui pour faire baisser l’empreinte carbone du secteur ? Entretien avec Lucile Berliat Camara, responsable d’activité environnement et santé pour QUALITEL.

 Quels sont les principaux enjeux de développement durable auxquels doit répondre le secteur du bâtiment aujourd’hui? 

Lucile Berliat Camara, responsable d’activité environnement et santé pour QUALITEL.
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Les chiffres sur l’empreinte environnementale du secteur sont assez impressionnants... Le bâtiment représente près d’un tiers des émissions nationales de gaz à effet de serre (GES), 44 % de la consommation énergétique (devant les secteurs des transports et de l’industrie), plus de 50 % des matières premières extraites et plus de 40 millions de tonnes de déchets générés chaque année. Sans compter son impact sur la biodiversité, l’artificialisation des sols, la consommation d’eau, ou encore la pollution sonore, celle des eaux, de l’air...

Le secteur du bâtiment est donc l’un des plus concernés par les enjeux du développement durable. Il doit réfléchir à une nouvelle manière de produire et de consommer les ressources et engager des efforts rapides de réduction des consommations énergétiques en exploitation, de confort thermique en période chaude et de diminution des émissions de GES sur tout son cycle de vie. Pour viser la neutralité carbone, il est important de mieux construire les nouveaux logements mais le levier principal reste la massification de la rénovation du parc immobilier français existant.

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Pour les particuliers, quels sont les bons réflexes à avoir avant de démarrer un projet de rénovation ?

La rénovation des logements est essentielle pour lutter contre le changement climatique, diminuer les consommations énergétiques et bien sûr aussi pour assurer un niveau de confort aux habitants, en réduisant leurs factures.

La première étape est de bien définir son projet de rénovation en faisant réaliser un état des lieux de son logement (isolants, installations de chauffage, fenêtres, système de ventilation, électricité, plomberie, etc.) par un architecte par exemple. Cela permettra de définir les travaux d’amélioration à prévoir en priorité et une estimation financière du projet. Pour la réalisation des travaux, la mention “Reconnu Garant de l’Environnement” (RGE) désigne les professionnels éco-responsables, qui donneront accès à certaines aides financières publiques comme MaPrimeRénov’ ou l’éco-prêt à taux zéro.

Dans le cas d’une copropriété, il est indispensable de consulter le règlement pour identifier les contraintes éventuelles. Selon le type de travaux, il sera peut-être nécessaire d’obtenir l’accord de l’assemblée générale. Des obligations d’urbanisme peuvent également comporter des conditions à respecter (matériaux, couleurs, type de fenêtre, etc.). La mairie pourra aussi préciser les démarches à mener selon le projet : permis de construire ou déclaration de travaux... 

Comment choisir ses matériaux de construction ou de rénovation ?

Les produits à privilégier sont ceux dont les caractéristiques techniques, économiques, environnementales et sanitaires permettent, moyennant une mise en œuvre conforme aux règles de l’art et aux prescriptions du fabricant, d’obtenir la qualité visée du bâtiment dans un budget imparti.

La première exigence à avoir envers un produit est sa performance technique, c’est-à-dire sa capacité à remplir de façon satisfaisante la fonction qu’il occupe dans le bâtiment afin qu’il dure dans le temps. Pour analyser ses caractéristiques techniques, les évaluations techniques sont indispensables afin de juger de l’aptitude à l’emploi des produits de construction et afin d’assurer les travaux. L’obtention d’une assurance ne pose en général pas de problème pour la mise en œuvre des produits de construction dont les performances sont reconnues et les techniques de pose maîtrisées (produits dits "traditionnels"), disposant d’une norme ou d’un document technique unifié (DTU). Les produits disposant de règles professionnelles validées par l’Agence qualité construction (AQC) leur donne valeur de DTU. Les produits innovants sont soumis à des évaluations volontaires destinées à estimer leur potentialité technique : aptitude à l’emploi, durabilité, conformité à la réglementation française (Avis technique- ATec, document technique d’application-DTA).

S’il existe également des certifications ou des labels spécifiques à chaque produit permettant de valoriser leurs performances intrinsèques, c’est bien la conception optimisée du bâtiment dans son ensemble, en associant intelligemment des procédés et produits de construction, qui permettra d'atteindre la performance environnementale attendue.

Qu’est-ce qu’un éco-matériau ?

C’est difficile de définir un éco-matériau ou un matériau écologique. En effet, tous les matériaux utilisés en construction et en rénovation ont des impacts sur l’environnement. Il faut les évaluer de manière multicritère : en considérant les impacts en termes d’empreinte carbone, de consommation d'énergie, d'eau, de production de déchets, de pollution de l'air et de l'eau ainsi que d’épuisement des ressources. Malheureusement, il n'existe à l'heure actuelle, aucun référentiel consensuel fixant pour ces différents impacts environnementaux des seuils permettant de définir ce qu'est un produit bon pour l'environnement.

De plus, un matériau a vocation à être intégré dans un bâtiment associé à d'autres produits pour contribuer aux performances d'ensemble de l'ouvrage. L'échelle du bâtiment est par conséquent la seule pertinente pour évaluer globalement les performances environnementales des produits de construction. Là encore, la comparaison de produits mal établie peut engendrer des conclusions erronées.

L’erreur serait donc d’évaluer un produit selon une seule caractéristique, sans réflexion globale à l’échelle du bâtiment. C’est surtout ce dernier, finalement, qui doit limiter son impact sur l’environnement, être économe en énergie, durable, offrir à ses habitants un environnement sain et confortable, et cela en respectant l’enveloppe financière fixée au départ.

Quels sont les outils disponibles pouvant guider le consommateur dans ses choix ?

Le critère essentiel dans le choix d’un produit est tout d’abord celui de sa performance technique (thermique/acoustique pour un isolant, classement Air-Eau-Vent pour des menuiseries, résistance à l’abrasion pour un revêtement de mur, résistance au temps et conditions d’utilisation pour un revêtement de sol, rendement pour un système de chauffage, etc.).

Les certifications telles que NF ou QB garantissent la qualité et la performance des produits en attestant que le fabricant a accepté de se soumettre à des contrôles réguliers, menés par des organismes indépendants. Par exemple, pour le choix d’un isolant, la certification ACERMI est un bon critère de qualité. Le site d’AFOCERT (Association Française des Organismes de Certification des Produits de Construction) renseigne sur les certifications de produits de construction existantes en France.

Des labels peuvent aussi garantir des produits plus respectueux de l’environnement et des émissions de composés organiques volatils et de certaines substances toxiques réduites : Ecolabel européen, NF Environnement (France), GUT (Allemagne) pour les moquettes ou encore EMICODE EC1 pour les produits de mise en œuvre des revêtements de sol (colles, ragréages, etc.). Leur qualité varie cependant puisque certains sont auto-déclaratifs, d’autres sont contrôlés par une tierce partie et peuvent être assimilés à une certification. D’ailleurs, le marquage CE n’est pas un signe de qualité mais seulement une déclaration du fabricant de la conformité d'un produit avec les exigences fondamentales des règlements et directives européens qui permet la mise sur le marché du produit.

Enfin, depuis 2013, la France s’est dotée d’une réglementation qui impose un étiquetage sanitaire des produits de construction en contact avec l’air intérieur. L’emballage de chaque produit doit ainsi comporter une étiquette qui indique le niveau d’émission de polluants de l’air, selon un classement, allant de A+ jusqu’à C. Il est donc recommandé de privilégier les produits étiquetés A+.

Depuis 1974, l’Association QUALITEL fait progresser, aux côtés des professionnels du logement, la qualité de l’habitat neuf et existant et participe à sa valorisation auprès des occupants.

Elle exerce pour cela 4 missions complémentaires : l’information du grand public, la certification de la qualité et des performances du logement, la formation, l’évaluation et l’expertise. Elle développe également des programmes de recherche pour mieux comprendre les problématiques liées au bâtiment et anticiper les évolutions techniques et les attentes des habitants.

En partenariat avec QUALITEL.

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