En France, plus de 100 espèces de moustiques sont recensées. Si quelques-unes sont nuisibles par leurs piqûres qui démangent, le moustique-tigre, désormais implanté notamment en région PACA, Occitanie et Nouvelle-Aquitaine, est le seul transmetteur de pathologies comme la dengue, le Zika et le chikungunya.
L'Entente Interdépartementale de démoustication du littoral méditerranéen (EID Med) est, avec l'EID Auvergne Rhône-Alpes, le seul organisme chargé de la surveillance et de la démoustication des gîtes larvaires de moustiques. Les communes, départements et autorités régionales de santé (ARS) font aussi la chasse aux foyers de moustiques-tigres.
La mondialisation, premier facteur de la colonisation des moustiques-tigres
"Si le moustique-tigre a autant colonisé la France en une décennie, c'est à cause de l'homme, du tourisme et du transport", décrypte Charles Jeannin, chercheur à l'EID Med. Depuis un siècle déjà, le moustique-tigre a abandonné son environnement des forêts de Chine. En Europe, ils sont détectés pour la première fois en Italie en 1990, arrivés par le transport maritime de pneus usagés dans lesquels l'eau s'était accumulée. "C'est un insecte qui vole mal. Il a pu coloniser la France grâce aux trains et aux voitures qu'il emprunte aussi". Dès lors, la surveillance se complique.
À l'origine, les femelles pondaient leurs larves dans les noix de coco, des flaques d'eau, un sol humide ou une feuille tombée au sol. Désormais acclimatés aux environnements urbains, ils nécessitent un objet en bord d'eau pour la ponte. "Ils se développent très peu en campagne mais ils sont très présents en zone urbaine et péri-urbaine. Une commune de quelques habitants leur suffisent". La trajectoire du moustique-tigre en France prendra encore quelques années avant d'atteindre une densité de population maximale sur tous les territoires, même les régions du nord. Entre 2012 et 2022, le nombre d'espèces exotiques envahissantes a augmenté de 38 % selon le bilan environnemental de la France, publié le 13 juin dernier.
Le réchauffement climatique, un accélérateur
"Le réchauffement climatique ne va que l'aider à se développer rapidement, à devenir actif et plus agressif", assure Charles Jeannin. "Il n'y est que pour très peu dans l'émergence de la dengue". Les périodes de ponte se font initialement du printemps à septembre, où les premiers oeufs en dormance apparaissent. Les températures pas suffisamment chaudes ne leur permettent pas de devenir larves. Toutefois, la hausse des températures permet un allongement de la période de ponte qui pourrait durer jusqu'à fin novembre. À Rome cependant, il n'y pas de pause dans l'activité car les moustiques trouvent de l'humidité et de la chaleur dans les caves.
À l'affût de coupelles d'eau oubliées sur une terrasse, d'un réservoir de récupération d'eaux de pluie, le moustique-tigre, actif surtout en journée, est gourmand d'eau tiède. Il se désintéresse des piscines, chlorées et trop grandes pour lui. La chaleur permet l'accélération du développement des larves. À terme, le moustique-tigre pourrait s'adapter aux températures des régions d'Europe du Nord. "Une sélection naturelle va se faire, mais cela va prendre encore des dizaines d'années", rassure Charles Jeannin.
"Plus il y aura de sécheresses, moins il y aura de moustiques", prévient le chercheur. "C'est beaucoup moins vrai pour le moustique-tigre qui vit en ville". En région PACA, malgré la faible pluviométrie, la prolifération du moustique-tigre est liée à la gestion de l'eau par l'homme : fuite d'eau, arrosage automatique, irrigation des jardins, une poubelle, une gouttière. "Une aubaine pour le moustique-tigre".
Les températures extérieures favorisent le développement du virus dans le corps du moustique-tigre
Le moustique-tigre peut être porteur de pathologies dont la dengue. "Le cycle du virus est entièrement dépendant des températures", lance Charles Jeannin. Le virus se développe d'abord dans son estomac, et des températures avoisinant les 25 degrés lui permettent d'atteindre les glandes salivaires en trois jours. Trois semaines à 15 degrés. "Trois semaines, c'est très long dans la vie d'un moustique. Il y a de grandes chances pour qu'il meurt avant qu'il ne soit infectant".
Les ARS interviennent dès le premier cas de dengue, une pathologie devenue maladie à déclaration obligatoire. La transmission est uniquement verticale. Les virus ne sont pas encore endémiques en France puisque les foyers se forment par un individu ayant importé le virus depuis l'étranger. 2022 a été l'année avec le plus de foyers autochtones en France, c'est-à-dire que le patient zéro revenu de voyage n'a pas été signalé.
Dans la lutte communautaire et nationale contre le moustique-tigre, éviter les eaux stagnantes reste le meilleure moyen d'endiguer la prolifération des gîtes larvaires. Plus largement contre les moustiques, Charles Jeannin recommande aussi les répulsifs cutanés en pharmacie et les ventilateurs.
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