©Moritz Frankenberg/dpa Picture-Alliance/AFP
Environnement

Une agriculture européenne possible sans pesticides chimiques en 2050, selon l'INRAE

L'agriculture européenne pourrait-elle produire sans pesticides chimiques d'ici 2050 ? Une étude prospective de l'Inrae a exploré trois scénarios montrant que la transition est possible, à condition de profonds changements des politiques publiques.

En cohérence avec les objectifs européens - de réduction des pesticides de 50 % d'ici 2030 par rapport à 2015-17 - l'Institut national de la recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) a réuni pendant deux ans 144 experts, scientifiques et acteurs du monde agricole pour "explorer les chemins possibles". "Nous avons cherché à savoir comment pourrait se mettre en place une transition, avec quelles évolutions des systèmes agricole et alimentaire européens, et pour quel impact sur les productions, l'environnement et les émissions de gaz à effet de serre", a expliqué à l'AFP Olivier Mora, chercheur à l'Inrae et coordinateur de l'étude, présentée lors d'un colloque mardi à Paris.

Trois scénarios

A l'issue de ces travaux, dont des ateliers participatifs menés en Italie, Roumanie, Finlande et France, trois scénarios se dessinent, impliquant tous une diversification des cultures, le développement du biocontrôle, des dispositifs d'épidémiosurveillance et un apport du numérique et de la robotique. Le premier, baptisé "Marché global", implique une harmonisation des standards du marché agricole européen et mondial, avec des investissements dans des technologies de pointe et un renforcement du biocontrôle largement piloté par l'intelligence artificielle. Le second scénario, "Microbiomes sains", vise en sus un "régime alimentaire sain", impliquant de produire plus de légumineuses, de céréales secondaires (orge, sorgho, avoine...), plus de fruits et légumes, et de consommer moins de viande et de produits ultratransformés. Le troisième scénario, "Paysages emboîtés", suppose une modification en profondeur des paysages agricoles, pour fournir non seulement des aliments sains mais aussi de proximité, et renforcer la biodiversité à l'échelle des territoires. Il implique une diversité de paysages, avec une augmentation de 20 % d'habitat semi-naturel (haies, bois, mares, bandes enherbées) qui seraient prélevées sur les terres arables et notamment les prairies.

Les cultures doivent être plus variées sur des surfaces plus petites, pour construire un paysage "mosaïque" : "un atout dans la lutte contre les bioagresseurs", qui auront plus de mal à s'implanter et à se répandre. Selon les scénarios, la production en calories à l'horizon 2050 varie de -5 % (scénario 1) à +12 % (scénario 3). Les deux derniers modèles permettent à l'Europe de rester exportatrice.

Au moins 8 % de GES en moins

Les trois voies permettent une réduction des gaz à effet de serre, de -8 % dans le premier scénario, de -20 % dans le second et jusqu'à -37 % dans le troisième. Tous ces scénarios nécessitent "un mix cohérent de politiques publiques européennes" impliquant "une refonte de la Politique agricole commune".

Avec AFP. 

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