Insecticide acétamipride: l'Efsa préconise de nouvelles restrictions, la France attend des précisions

Un avis de l'agence sanitaire européenne Efsa, qui propose de nouvelles restrictions d'usage pour un insecticide de la famille des néonicotinoïdes, a prolongé l'incertitude pour le gouvernement français, pressé par les betteraviers de réautoriser ce pesticide.

Le gouvernement français a "pris acte" de l'avis de l'Efsa sur l'acétamipride, qui "ne propose pas l'interdiction de cette substance active au niveau européen, tout en fixant des limites de résidus drastiques", a-t-on appris vendredi auprès du cabinet de la ministre déléguée chargée de l'Agriculture, Agnès Pannier-Runacher.

La France attend désormais de la Commission européenne une "interprétation" claire de cet avis et qui "ne laisse place à aucune ambiguïté quant à ses recommandations d'usages", avant de "décider de (sa) position".

Dans un avis publié le 15 mai, l'agence européenne préconise d'abaisser la quantité maximale de cette substance qu'un individu peut consommer quotidiennement sans risque appréciable pour la santé: cette quantité doit passer de 0,025 mg/kg à 0,005 mg/kg.

Elle recommande en conséquence d'abaisser les seuils d'utilisation de ce pesticide pour 38 cultures, dont la betterave sucrière.

Saisie en 2022 par la Commission européenne pour donner un avis sur la santé humaine ou l'environnement, sur la base de nouvelles données scientifiques présentées par la France, l'Efsa considère qu'il existe des "incertitudes majeures" au vu de la documentation scientifique étudiée concernant la "neurotoxicité développementale", c'est-à-dire un potentiel effet nocif sur le système nerveux.

L'agence estime donc que des données supplémentaires sont nécessaires pour permettre "une évaluation appropriée des dangers et des risques".

"Compte tenu des incertitudes", elle abaisse les doses de référence de cette substance, autorisée jusqu'en 2033 par l'UE.

La situation de la France est particulière: l'acétamipride, membre de la famille des néonicotinoïdes qualifiés de "tueur d'abeilles" par les défenseurs de l'environnement, y est interdit depuis une loi de 2016.

Mais cet insecticide est toujours utilisé en pulvérisation sur les feuilles dans d'autres pays européens, dont l'Allemagne, concurrente de la France pour la production de sucre de betterave.

Les planteurs français considèrent que cette substance est la seule véritablement efficace contre le puceron vert, vecteur de la jaunisse de la betterave, qui avait en 2020 fait des ravages dans les champs.

Ils réclament depuis des mois la réautorisation de ce pesticide, au nom de la loyauté de la concurrence avec leurs voisins allemands.

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