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En bref

Finance à impact : près de 15 milliards d'euros d'actifs sous gestion en France

FAIR, le FIR et France Invest ont dévoilé cette semaine le premier panorama de la finance à impact en France.

En 2021, les associations France Invest, FAIR et le Forum pour l’Investissement Responsable adoptaient une définition de l’investissement à impact pour le coté et le non-coté articulée autour de trois piliers : l'intentionnalité, c'est-à-dire "la volonté de l’investisseur de générer un bénéfice social ou environnemental mesurable et ainsi de contribuer au développement durable", l'additionnalité qui représente "la contribution de l’investissement à l’impact", et la mesurabilité, soit la capacité à évaluer l'impact généré. 

Deux ans plus tard, les trois acteurs, qui pilotent aujourd'hui le National Advisory Board France (NAB France), un collectif réunissant 221 organisations actives dans l'investissement à impact, dévoilent un panorama du marché de la finance à impact en France. Pour cette première édition, seuls les investissements qui "respectent les trois piliers de l’impact (intentionnalité, additionalité, mesure) ; sont réalisés par des équipes opérant majoritairement en France ; sont réalisés sous forme directe (exclusion des investissements réalisés dans d’autres véhicules d’investissement) dans l’univers non coté" ont été pris en compte. 

14,8 milliards d'euros d'actifs sous gestion

Principales conclusions : le marché français de la finance à impact se compose aujourd'hui de 66 acteurs représentant 14,8 milliards d'euros d'actifs sous gestion répartis dans 153 véhicules d'investissement. En 2022, la quasi-totalité de ce montant (11,7 milliards d'euros) était déjà investie, "permettant le soutien d’environ 9 000 organisations à impact social ou environnemental". En termes de perspectives, les acteurs du secteur "prévoient une croissance du capital investi l’année suivante de 16 %, ce qui permettrait au capital investi de dépasser les 13,5 milliards d’euros, et le nombre d’organisations soutenues de s’établir à environ 10 800". 

Dans le détail, les acteurs de la finance à impact soutiennent particulièrement les organisations à vocation sociale, "avec 65 % des véhicules dont l’ODD principal a une dominance sociale (ODD 1, 4, 8, 10) et 19 % une dominance environnementale (7, 11, 12, 14)". Autre enseignement, "62 % des véhicules d'investissement du périmètre placent les objectifs d'impact et de rendement financier au même niveau, tandis que 35 % privilégient la génération d'impact". Et si 55 % des véhicules d’investissement ont des attentes de rendement inférieures à celles du marché, seuls 31 % s’attendent à ce qu’elles soient significativement inférieures au taux du marché, souligne l'étude. "Il s’agit là d’un aperçu encourageant sur le traitement de l’arbitrage entre le rendement financier et l’impact".

Au-delà du simple financement, une majorité des acteurs (80 %) mettent également en place des démarches d'accompagnement extra-financier, notamment sur les thématiques de la mesure de l’impact (98 % d’entre eux) et sur "des sujets stratégiques et opérationnels ou sur le modèle économique (89 % d’entre eux). Enfin,"les acteurs opèrent la majorité des véhicules d’investissement (68 %) en s’efforçant de gérer et mesurer leur l’impact avec des cadres internationalement reconnus tels que les PRI (61 %), les SDG Impact Standards (33 %) ou encore ceux développés par Impact Frontiers et l’Institut de la Finance Durable (IFD) (tous deux à 26 %)."

"Le marché français se développe de manière encourageante. Nos travaux confirment que les investisseurs à impact recherchent autant le rendement financier que l’impact. On observe également que les investisseurs veulent de l’additionnalité, c’est-à-dire qu’ils veulent montrer que leurs véhicules font une différence en soutenant activement les entreprises financées (contribution financière mais aussi extra-financière). Enfin, pour les enjeux de mesure, les normes internationales font aujourd’hui tout autant référence que les normes nationales", résument les auteurs de l'étude, qui devrait dès l'an prochain s'élargir aux actifs cotés.