Dans cet espace, la rédaction d’ID n’exerce pas de droit de regard sur les informations disponibles et ne saurait voir sa responsabilité engagée.
© Shutterstock / Phongphan
Info partenaire

Un horizon obstrué

Après l’écroulement au premier semestre, le rythme de progression de l’économie mondiale est en passe de connaître une trajectoire plus dynamique, à en juger par la bonne orientation des indicateurs avancés. Malgré ce fort rebond, stimulé par un rattrapage de la consommation latente et un taux d’épargne élevé, il sera toutefois difficile d’envisager un retour à la normale tant qu’un vaccin ne sera pas disponible.

La réintroduction progressive de mesures de distanciation sociale devrait en effet amener beaucoup de secteurs à tourner au ralenti, et ce en dépit de l’aide titanesque des banques centrales et des Etats. La prudence reste donc de mise quant aux perspectives, surtout qu’à court terme va s’ouvrir une séquence politique potentiellement déstabilisatrice dans plusieurs pays (régionales en Italie ; présidentielle, législatives et sénatoriales aux Etats-Unis). 

En dépit d’une réponse sans précédent des autorités budgétaires et monétaires, les pays basculent petit à petit dans la récession. Les conséquences économiques du confinement ont été tellement catastrophiques au premier semestre qu’une phase de fort rattrapage a pris place quand elles ont été levées. Si l'on se fie aux indicateurs avancés, ce puissant rebond va dépendre de l’exposition des pays aux secteurs les plus touchés et de l’ampleur des plans de relance budgétaires et monétaires. Dans la mesure où cette reprise ne fait pas de doute, la question est de savoir combien de temps elle va durer. En effet, la situation épidémiologique de ces dernières semaines montre qu’aucun pays n’est à l’abri d’une résurgence du Coronavirus. Ce qui a conduit plusieurs Etats à réintroduire des mesures de distanciation sociale.

Ces mêmes Etats, au prix d’actions musclées contra-cycliques, ont essayé dans un premier temps de normaliser le plus rapidement possible l’offre et la demande et, dans un deuxième temps, de rétablir la confiance des agents économiques. Or, tant qu’un vaccin ne sera pas disponible, les populations continueront d'être inquiètes et cette confiance sera très difficile à obtenir.

Nous avons ainsi vu par exemple en France les dépenses de consommation bondir fortement en mai (+35,5%) et en juin (+10,3%) avant de stagner en juillet (+0,5%). Un tel essoufflement, au moment où l’« épargne forcée » accumulée en 2020 devrait avoisiner les 100 milliards d'euros, peut s’expliquer en grande partie par les craintes croissantes des ménages quant à l’évolution du marché du travail. Dans la mesure où l’emploi est une variable retardée du cycle économique, la prudence reste donc de mise sur les perspectives à plus long terme. A court terme, l’horizon risque également d’être obstrué avec l’approche de l’élection présidentielle américaine. En effet, à la traîne dans les sondages, le Président Trump pourrait être tenté de faire des « coups de poker » comme par exemple le renforcement des mesures commerciales contre la Chine, une des rares thématiques largement partagée entre Républicains et Démocrates. Même si les deux partis s’accordent aussi sur la nécessité d’une reconduction des programmes d’aide avant le 3 novembre, ils divergent fortement sur les montants.

Texte rédigé Karamo Kaba, Directeur de la recherche économique

Pour découvrir la suite du Mensuel Ecofi de septembre, cliquez ici : http://www.ecofi.fr/sites/default/files/publications/le_mensuel_ecofi-investissements_septembre2020.pdf