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Explorer la durabilité dans les infrastructures

Si les investisseurs sont souvent attirés par la nature pérenne des rendements des infrastructures, quelle est leur connaissance de l'alignement du secteur avec les objectifs environnementaux et sociaux ?

Les investisseurs perçoivent depuis longtemps les infrastructures comme une source de stabilité, la pérennité des rendements étant indissociable de la nature tangible et souvent essentielle des actifs sous-jacents. Cette compréhension intuitive des caractéristiques des infrastructures est cohérente avec l'historique des rendements. Pour autant, elle risque de faire perdre de vue certaines qualités de la classe d'actifs qui n’ont jamais été aussi importantes qu'aujourd'hui.

De la transition du mix énergétique vers une part accrue des énergies renouvelables, à la qualité et la sécurité des routes et des ponts, les infrastructures touchent presque toutes les parties de la vie quotidienne.

Peu de classes d'actifs ont la capacité d'avoir un impact plus significatif sur notre environnement que les infrastructures. Aucune ne jouera un rôle plus important dans la mise en oeuvre des changements nécessaires dans la lutte mondiale contre le changement climatique.

Dans cet article, nous étudions comment les infrastructures peuvent contribuer à un avenir plus durable et pourquoi la plupart des meilleures opportunités sont étroitement liées aux objectifs de développement durable.

Comment les infrastructures contribuent-elles aux objectifs de développement durable ?

Les infrastructures d'énergie renouvelable constituent sans doute le lien le plus direct entre l'investissement et l'intention explicite d’œuvrer à la réalisation d'objectifs de développement durable. Dire que les opportunités d'investissement sont importantes dans ce domaine serait un euphémisme.

L'Agence internationale des énergies renouvelables (IRENA) décrit les investissements nécessaires pour maintenir la hausse de la température mondiale en dessous de 2° C, comme suit :

…l'investissement total dans le système énergétique… devra atteindre 110 000 milliards de dollars d'ici 2050, soit environ 2 % du PIB annuel moyen sur la période. Sur ce total, plus de 80 % devront être investis dans les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique, l'électrification de l'utilisation finale, les réseaux électriques et la flexibilité.

Compte tenu du profond déséquilibre des finances publiques dans le monde, une grande partie de ces investissements devront provenir du secteur privé et procurer des rendements appropriés pour encourager le niveau d'investissement requis.

Deux opportunités s’offrent alors à ceux qui investissent dans les énergies renouvelables. La première est de participer au développement et à la construction d’actifs d'énergies renouvelables, à monétiser ou à détenir sur des périodes plus longues. La seconde est d’acheter des actifs déjà construits, pour les conserver sur de longues périodes.

L'investissement privé est d'une importance cruciale pour la réalisation des dépenses requises. Il permet d'injecter du capital à un coût moindre dans le secteur et aux investisseurs initiaux de constater des bénéfices qui pourront a) être réinvestis dans de nouveaux actifs d'énergies renouvelables ou b) être restitués aux investisseurs, encourageant ainsi de nouveaux investisseurs à court terme à se lancer dans le secteur des énergies renouvelables.

Toutefois, si l’énergie renouvelable constitue une pièce importante du puzzle de la transition énergétique, elle n'est pas la seule. Un autre élément clé sera la décarbonation à grande échelle par le biais de l'écologisation des actifs essentiels déjà en exploitation.

Dans ce domaine, le financement par la dette dans les secteurs traditionnels des infrastructures jouera un rôle particulièrement important, du fait que les sources traditionnelles de capitaux sont confrontées à des difficultés persistantes. Notre équipe dédiée à la dette a par exemple financé des projets dans les secteurs des télécommunications et des transports, soutenant la transition vers des économies plus durables et un avenir plus vert. L'Europe est à l’avant-garde de ces tendances.

Composantes du développement durable - 17 et plus

La contribution des infrastructures à l'objectif de zéro émission nette sera – si nous y parvenons – un facteur majeur pour éviter des changements climatiques aux conséquences catastrophiques. Pourtant, les caractéristiques durables des infrastructures vont au-delà de la réduction de notre empreinte carbone.

La lutte contre les changements climatiques est l'objectif de développement durable (ODD) des Nations Unies n°13. Il existe 16 autres ODD, conçus pour être interconnectés de sorte que les progrès réalisés dans l'un d’entre eux contribuent à un ou plusieurs autres.

Les projets ferroviaires en sont un bon exemple, puisqu’ils participent simultanément à divers éléments d'une véritable durabilité.

Le rail est l’un des modes de transport les plus économes en énergie, représentant environ 10 % du trafic mondial et seulement 3 % de la consommation totale d’énergie des transports. Notre équipe dette infrastructure a financé un projet d'infrastructure ferroviaire en France qui recouvre plusieurs objectifs de durabilité et d'impact : il est aligné sur les ODD 8 (Travail décent et croissance économique), 11 (Villes et communautés durables) et 15 (Vie terrestre). L'entreprise concernée est signataire d'une charte en faveur de la biodiversité, établie par une agence gouvernementale française.

L'entreprise s'engage donc à définir et à communiquer des plans d'action pour la préservation de la biodiversité sur l'ensemble de sa chaîne de valeur. Pour ce faire, des groupes de travail spécifiques ont été mis en place pour prendre en compte les considérations liées au carbone et à la biodiversité, afin d’assurer la protection de l'habitat naturel et de la biodiversité.

Par ailleurs, une campagne de sensibilisation du public a été lancée localement sur ces thèmes. Des initiatives supplémentaires dédiées à la mobilité, à l'inclusion sociale, à l'accès au logement et à l'amélioration des taux d'alphabétisation dans la région où l’entreprise opère ont également été mises en œuvre, ce qui s'est traduit par 18 nouveaux projets locaux.

Nous avons également financé une société de matériel roulant en Allemagne équipée d’un parc 100 % électrique, qui contribue aux ODD 9 (Industrie, innovation et infrastructures) et 13 (Lutte contre les changements climatiques). Cet investissement est le premier, dans le secteur ferroviaire, à avoir des objectifs scientifiques validés, conformes à l'Accord de Paris. L'entreprise vise à réduire ses propres émissions de plus de 40 % d'ici 2030. Elle excelle non seulement en termes de standards ESG, mais aussi sur la maintenance de la flotte, ayant obtenu des certifications ISO (Organisation internationale de normalisation) de haut niveau.

Les deux projets ont obtenu l’homologation « Green Bond ».

Contribuant à l'ODD 12, Schroders Greencoat, en tant qu’actionnaire et exploitant de projets de biomasse, utilise des matières premières provenant de sous-produits d'autres industries, comme les déchets de bois, dans son usine de Templeborough. Les projets recyclent également leurs propres matières résiduelles en fin de cycle.

Dans le processus de production d'énergie à partir de biomasse, 5 % du carburant est composé d'une matière non-combustible qui subsiste après le processus de combustion, la « cendre résiduelle ». Nous envoyons ces déchets non dangereux sur un site où ils peuvent être utilisés pour la fabrication de parpaings. Ceux-ci peuvent être employés dans la construction de logements et de bâtiments, ainsi que comme matériau pour l’entretien des routes.

Nous estimons qu'il est non seulement économiquement responsable, mais aussi environnementalement juste, de détourner ces déchets de l'enfouissement.

Plusieurs centrales solaires de Schroders Greencoat ont également pris des mesures pour contribuer à l'ODD 15 : « Vie terrestre ». Les abeilles assurent la pollinisation d’environ 80 % des plantes dans le monde et maintiennent la progression et la vitalité des écosystèmes précieux de notre planète.

Les abeilles stimulent la biodiversité, et le soutien aux populations d'abeilles locales est l'occasion d’engager un dialogue avec les communautés locales et les établissements d'enseignement. L'équipe a construit des ruchers dans un certain nombre de centrales solaires. Cela implique d’obtenir les permis de construire nécessaires auprès de l'autorité compétente locale et de veiller à ce que les ruchers soient construits et entretenus conformément aux mesures de santé et de sécurité applicables. Le projet vise à faire participer les communautés locales en s'associant à des groupes locaux d'apiculture. Plusieurs visites scolaires ont eu lieu en 2022 afin que les élèves puissent en apprendre davantage sur les abeilles, la biodiversité et la manière dont elle peut être combinée avec les énergies renouvelables.

En 2022, BlueOrchard a soutenu une entreprise – par le biais d'un financement par la dette – qui construit, possède et exploite un portefeuille de tours de télécommunications aux Philippines. Cela contribue à quatre ODD importants. L'ODD 8 par la création d'emplois permanents dans le domaine de la construction.  L'ODD 9 – industrie, innovation et infrastructures – est ciblé grâce à l'amélioration des infrastructures numériques dans les zones rurales et périurbaines.

Les nouvelles tours de télécommunications contribuent également à un meilleur accès à des infrastructures numériques abordables et de haute qualité dans les zones rurales et périurbaines, répondant ainsi à l'ODD 10 (inégalités réduites). Enfin, notre prêt a servi de signal à d'autres investisseurs potentiels aux Philippines, ce qui a finalement facilité la mobilisation de capitaux internationaux supplémentaires dans l'entreprise, contribuant à l'ODD 17 (partenariats pour la réalisation des objectifs).

Ce ne sont là que quelques exemples de la façon dont les infrastructures peuvent contribuer à améliorer la durabilité dans les communautés et les écosystèmes dans lesquels elles sont exploitées.

Le nouveau paradigme des infrastructures : ce que cela signifie et comment les gérants s’engagent

Dans le domaine des infrastructures, on croit souvent à tort qu’il est plus dangereux d'investir dans des segments « nouveaux » du marché que dans des secteurs ayant déjà prouvé leur performance. Si cela peut parfois être le cas, au sein des infrastructures, de nombreux « nouveaux » domaines d'investissement impliquent des investissements peu familiers plutôt que risqués. Dans de nombreux cas, il s’agit de technologies éprouvées, appliquées de manière légèrement nouvelle, ou commercialisées à une échelle inédite.

Pour les investisseurs à long terme, cette idée fausse peut être rentable. Les nouvelles technologies peuvent entraîner de nouveaux risques et structures contractuelles/réglementaires. Pour beaucoup d'investisseurs, c'est suffisant pour renoncer. Toutefois, pour ceux qui ont les bonnes compétences techniques, ceux qui peuvent cerner les risques liés à la technologie et aux structures contractuelles/réglementaires, l’« avantage du précurseur » est bien réel.

Se projeter de cette manière et considérer à la fois la dette et les capitaux propres comme des composantes complémentaires d'un programme global d'investissement dans les infrastructures perpétue le cercle vertueux « investissement-progrès-investissement ». La stabilité des rendements des infrastructures, tant dans la dette d'infrastructure que dans l’investissement en capital, est primordiale dans notre stratégie d'investissement globale. La génération de rendements durables joue un rôle central dans les programmes d’infrastructures et de dette privée de nombreux investisseurs. Cela permet aux investisseurs de soutenir également les actifs de nouvelle génération lors des phases initiales des projets ou du déploiement des technologies par le biais d'investissements en dette et en capital.

Nous favorisons le financement de domaines émergents des infrastructures ayant une perspective claire de commercialisation à une échelle suffisante.

Avec les cadres contractuels ou réglementaires appropriés, les risques commerciaux ou technologiques peuvent être atténués. Cet aspect est crucial pour l'investissement durable à long terme ; les investisseurs sont en mesure de contribuer activement à la réalisation de gains d’efficacité encore plus importants.

L’orientation des portefeuilles à long terme vers des considérations de durabilité n'est pas seulement bénéfique pour la planète ; elle semble également la seule solution prudente compte tenu de la direction prise par le marché et l'économie.

En effet, de nombreux arguments plaident en faveur de l’intégration et de l’ajout des facteurs de durabilité dans l'analyse traditionnelle des risques. La gestion traditionnelle des risques n'est pas perturbée par des objectifs et considérations de durabilité, elle en est au contraire améliorée. La transition vers un avenir moins carboné et plus respectueux du climat nécessite une approche proactive du suivi des indicateurs clés de performance (KPI) appropriés. Les facteurs de durabilité non seulement offrent des opportunités mais doivent aussi être intégrés à la gestion continue des risques.

Qui est susceptible d'être le plus affecté par la transition vers un système d'énergie à faibles émissions de carbone ?

Il existe une réelle opportunité dans les technologies qui peuvent offrir de la prévisibilité au réseau. Les énergies renouvelables génèrent de grandes quantités d'électricité à faible émission de carbone, mais cette électricité est largement intermittente.

Du point de vue de la décarbonation, il y a trois grands domaines dans lesquels les combustibles fossiles ont toujours été utilisés et où des solutions ont besoin d'être trouvées : l'électricité, le chauffage et les transports. La décarbonation de l'électricité est sans aucun doute le domaine dans lequel le plus de progrès ont été faits (c'est aussi le plus facile), même s'il subsiste des difficultés ; comment assurer l’éclairage quand il n’y a pas de vent ou pas de soleil ?

Le stockage est une solution, et nous constatons que de plus en plus de batteries de stockage sont en cours de développement, qui devraient être construites au cours de la prochaine décennie. Le nucléaire, qui fournit à grande échelle des flux d'électricité plus stables et moins dépendants de la météo (la charge de base), est un autre domaine où des investissements sont nécessaires.

Dans les deux autres domaines du chauffage et du transport, les succès sont moins nombreux. L’exploitation des solutions de décarbonation de l'électricité offre donc des opportunités dans ces segments. Trouver un moyen de convertir efficacement l'électricité verte en différentes sources d'énergie fait partie intégrante de la décarbonation.

Contenu rédigé par Schroders.