Lundi 17 février 2020, Agnès Buzyn et Olivier Véran lors de la passation de pouvoir au ministère de la Santé et des Solidarités.
©GEOFFROY VAN DER HASSELT/AFP
Politique

Pesticides, perturbateurs endocriniens, crise hospitalière... De Buzyn à Véran, les chantiers toujours en cours

Ce 17 février, Agnès Buzyn a cédé sa place au ministère de la Santé à Olivier Véran. Pesticides, perturbateurs endocriniens, crise hospitalière... Les dossiers brûlants récupérés par le nouveau ministre. 

Vendredi 14 février, les blouses blanches investissaient de nouveaux les rues, le même jour où Benjamin Griveaux annonçait son retrait de la campagne des municipales parisiennes à la suite de la diffusion de vidéos à caractère sexuel le mettant en scène. Interrogée sur le sujet au micro de France Inter le matin même, Agnès Buzyn déclarait que "son agenda" ne lui permettait pas d’être candidate à la mairie de Paris.

Mais dimanche 16 février, alors que Cédric Villani était pressenti pour remplacer Benjamin Griveaux, c’est le nom d’Agnès Buzyn qui est ressorti pour permettre à LREM de briguer le siège de maire de la capitale en mars prochain. Au lendemain d’un week-end agité, l’ex-ministre de la Santé, émue face aux caméras, a cédé sa place à Olivier Véran, 39 ans, ancien neurologue. 

C’est une lourde tâche qui attend le député isérois nouvellement désigné ministre de la Santé et de la Solidarité : alors que les hôpitaux multiplient toujours les manifestations, s'ajoutent à sa pile de dossiers le brûlant cas du coronavirus, ainsi que la question épineuse de la réforme des retraites - ministre de tutelle de Laurent Pietraszewski, secrétaire d'État aux Retraites, Agnès Buzyn suivait de près les négociations. Si Olivier Véran est médiatiquement dépeint comme un expert sur cette dernière question, d'autres enjeux devraient également occuper son temps.

Les impacts sanitaires de l'exposition aux pesticides

La question des pesticides n'est pas seulement l'affaire du ministère de l'Agriculture. À l'image de la question des distances d'épandage visant à protéger les populations environnantes. Si l'impact sanitaire de l'utilisation des pesticides fait débat, le ministère de la Santé n'a eu d'autres choix que de s'en saisir. Au 1er janvier 2020, la loi a été votée, fixant la distance minimale entre zones d'épandage et habitations entre 5 à 10 mètres. Les associations dénonçaient des distances insuffisantes motivées par les lobbies, alors qu'Agnès Buzyn défendait une décision prise en accord avec l'avis de l’Anses sur le sujet et ce, malgré la consultation publique lancée des mois auparavant dont la publication est toujours en suspend

Du côté de l'épineuse question du glyphosate, l'Anses annonçait au début du mois de décembre le retrait de 36 produits en contenant, soit près de la moitié de ceux disponibles sur le marché français. Sur les 69 produits ayant fait l'objet d'une demande de renouvellement de leur autorisation, "par décision de l'Anses, 36 vont être retirés du marché et ne pourront plus être utilisés à compter de fin 2020, en raison de l'insuffisance ou de l'absence de données scientifiques permettant d'écarter tout risque génotoxique" (susceptible d'endommager l'ADN et de provoquer des mutations génétiques, NDLR), indiquait l'agence par communiqué. La sortie totale du glyphosate, "au plus tard dans trois ans", promise par Macron en 2017 reste toujours difficile à tenir dans le calendrier

Enfin, dans les Outres-mer, le chlordécone sème toujours le trouble. Cet herbicide controversé utilisé dans les bananeraies antillaises jusqu'aux années 90 est toujours présent dans les sols 30 ans plus tard. Le gouvernement entier est aujourd'hui mobilisé pour laisser place aux réparations, avec notamment un "suivi sanitaire" pour les personnes les plus exposées. Pour rappel, selon Santé Publique France, 95 % des Guadeloupéens et 92 % des Martiniquais sont aujourd'hui contaminés par le produit, considéré aujourd'hui comme un perturbateur endocrinien.

Une vigilance accrue face aux perturbateurs endocriniens

En collaboration avec le ministère de la Transition écologique, le ministère de la Santé prépare un quatrième plan national Santé-Environnement pour 2020, s'attelant notamment au dossier des perturbateurs endocriniens.

De récentes études ont mis en évidence les taux d’imprégnation de la population par ces substances controversées. Selon les résultats, de multiples sources d’expositions qui pourraient être à l’origine de maladies. Agnès Buzyn restait cependant prudente sur le sujet : "Nous nous sommes intéressés à ces substances parce qu'il y a une préoccupation sanitaire, mais en aucun cas, on ne peut prédire si les valeurs retrouvées représentent un risque sanitaire pour la population", déclarait-elle à l’AFP lors d’une présentation dans les locaux de l’Anses le trois septembre dernier.

La population est à ce sujet, dans l’attente de solutions et comme pour la question des pesticides, Olivier Véran sera, sans aucun doute, attendu au tournant.

Une crise hospitalière qui dure

S’il est bien un sujet sur lequel le nouveau ministre de la Santé est attendu, c’est sur la gestion de la crise hospitalière. Depuis 11 mois, les personnels soignants sont en grève et manifestent pour se faire entendre. L’hôpital public dénonce un manque de moyen financier ainsi que de personnel : les soignants sont débordés par des services qui ne désemplissent pas de patients et subissent une mauvaise valorisation salariale. La colère des blouses blanches s’est de nouveau fait entendre vendredi dernier, en cause, les réponses du gouvernement qui proposait à l’automne des mesures en passant à côté des revendications.

Le 20 novembre dernier, Edouard Philippe et Agnès Buzyn ont présenté leur "Plan pour l'hôpital", avec douze mesures et 12 milliards d'euros sur trois ans. Entre autres, revalorisation des tarifs et aides à certaines catégories de soignants à compter du 1er mars, n'ont pas suffit à apaiser la colère du corps hospitalier, tandis que le Premier ministre avait déclaré vouloir "être à la hauteur des attentes". C'est sans doute le premier point auquel devra s'atteler Olivier Véran.

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