Age, incidents, risques: état des lieux du parc nucléaire français

La majorité des 56 réacteurs du parc français ont été mis en service dans les années 80. Si les accidents sont très rares, des anomalies y sont en revanche recensées chaque année.

- Les centrales nucléaires françaises sont-elles âgées? -

Le parc français, le 2e après celui des Etats-Unis, compte actuellement 56 réacteurs en service répartis sur 18 sites.

Les premiers d'entre eux ont été mis en service à la fin des années 70, mais la plupart l'ont été dans les années 80.

Après l'arrêt de Fessenheim (Haut-Rhin) l'an dernier, la plus ancienne centrale est désormais celle de Bugey (Ain). Les plus récentes sont Chooz (Ardennes), mise en service en 2000, et Civaux (Vienne), en 2002.

Un réacteur EPR de troisième génération, le premier en France, est en construction à Flamanville (Manche). Son démarrage est actuellement prévu fin 2022, avec beaucoup de retard.

- Certaines sont-elles trop âgées? -

En France, l'autorisation d'une installation nucléaire "est délivrée sans limitation de durée", rappelle l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Cette dernière mène un réexamen approfondi tous les 10 ans.

Les réacteurs français actuels avaient toutefois été conçus sur la base d'une "hypothèse" de 40 années de fonctionnement.

L'ASN a ouvert la voie jeudi à l'allongement de la durée de vie des plus vieux réacteurs en France (ceux de 900 MW) jusqu'à 50 ans, enjoignant EDF de réaliser des travaux pour améliorer leur sûreté.

EDF compte bien exploiter la plupart de ses réacteurs nucléaires jusqu'à 60 ans, sur le modèle de ce qui se fait aux Etats-Unis ou en Suisse.

Des opposants au nucléaire s'opposent toutefois à ces prolongations, estimant que les réacteurs sont trop vieux.

"Les centrales nucléaires françaises en activité ont été conçues pour fonctionner entre 30 et 40 ans", souligne Greenpeace.

"Au-delà, les réacteurs nucléaires entrent dans une phase de vieillissement inconnue pour l'exploitant EDF et non prévue par ses concepteurs : ils ont été dimensionnés selon les normes et moyens techniques, les matériaux et l'état des connaissances des années 1970 et 80", estime l'ONG.

- Les accidents sont-ils fréquents?-

Les accidents restent rares en France. Les deux plus graves jamais signalés étaient classés au niveau 4 de l'"échelle internationale des événements nucléaires" (INES), qui en compte 7.

Ils sont survenus dans la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher) en octobre 1969 et en mars 1980. "Ils se sont produits sur des réacteurs de la filière uranium naturel graphite gaz, une technologie maintenant obsolète et en cours de démantèlement", rappelle l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).

De nombreuses "anomalies" (niveau 1), voire des "incidents" (niveaux 2), sont en revanche signalés chaque année.

"Le constat général pour 2020 est que la sûreté des installations nucléaires s'est maintenue dans l'ensemble à un niveau satisfaisant pour tous les exploitants et a même progressé en matière de rigueur d'exploitation, notamment chez EDF", estimait le président de l'ASN Bernard Doroszczuk en janvier.

- Les centrales sont-elles vulnérables aux risques naturels?

Ces risques (crues, inondations, séismes, etc.) sont théoriquement pris en compte dès la conception des réacteurs.

C'est notamment le cas pour l'EPR, qui a été conçu en tirant les enseignements de plusieurs accidents graves (Three Miles Island aux Etats-Unis et Tchernobyl en Ukraine).

Les réacteurs les plus anciens doivent pour leur part subir des travaux afin justement de renforcer leur résistance face aux "agressions".

À la suite de l'accident de Fukushima en 2011, une réévaluation de la résistance des installations nucléaires françaises aux événements naturels extrêmes a été réalisée.

Chaque installation a ainsi dû être équipée d'équipements "ultimes", "capables de résister à des événements exceptionnels", souligne l'IRSN.

C'est par exemple les "diesels d'ultime secours" qui doivent pouvoir alimenter chaque réacteur même en cas de séisme, d'inondation ou de tempête.

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