L'association écologiste Générations Futures a accusé jeudi la ministre de l'Agriculture Annie Genevard de reprendre "sans filtre" la "désinformation" concernant les pesticides répandue, selon l'ONG, dans le cadre de la mobilisation actuelle des agriculteurs.
Lors d'une conférence de presse "coup de gueule", l'association s'est efforcée de démonter l'argumentaire consistant à dire que les agriculteurs français ou certaines filières seraient "sans solution" pour traiter leurs cultures, ou encore que la France "surtransposerait" systématiquement les textes européens.
Générations Futures affirme, par exemple, que la France est le deuxième pays en Europe où le plus de substances actives sont disponibles pour les agriculteurs - 296, derrière l'Italie (301) mais devant l'Espagne (293), selon l'ONG, se fondant sur la base de données européenne EU Pesticides Database.
Toutefois, "la France se classe depuis longtemps dans la moyenne des pays de l'UE en ce qui concerne les quantités de substances actives utilisées ramenées à l'hectare" avec 3,7 kg/ha en 2021, derrière les Pays-Bas, premier consommateur européen (10,9 kg/ha), et l'Allemagne (4,1 kg/ha), d'après un rapport parlementaire.
Générations Futures s'élève également contre les demandes qu'elle juge "rétrogrades" comme celle, défendue par plusieurs syndicats agricoles, de la réintroduction des pesticides de la famille des néonicotinoïdes, nocifs pour les insectes pollinisateurs.
Le porte-parole de Générations Futures, François Veillerette, a dénoncé un "festival de désinformation concernant les pesticides" et déploré que l'on ait "vu cette désinformation reprise sans filtre par la ministre de l'Agriculture".
L'association cite l'exemple de la filière noisette, présentée comme dépourvue de moyen de traiter sa production, alors que 12 produits insecticides sont autorisés sur les noisettes selon l'ONG, qui s'appuie sur le catalogue des produits phytopharmaceutiques Ephy.
"On a aussi été très choqués par le traitement des incidents survenus lors des manifestations agricoles récentes", a poursuivi M. Veillerette, dénonçant le "deux poids deux mesures" de Mme Genevard, qui n'est "pas capable de soutenir nommément les agents de l'Office français de la biodiversité, l'OFB, mais est capable d'aller soutenir le président de la FNSEA" Arnaud Rousseau lorsque celui-ci a été chahuté par des militants de la Coordination rurale, un autre syndicat agricole.
"On a l'impression qu'on n'a pas une ministre de l'Agriculture, mais qu'on a une porte-parole bis de la FNSEA. Et donc, il y a une approche des sujets qui n'est pas du tout objective, pas équilibrée, mais qui reprend à 100% les demandes de la FNSEA en oubliant tout le reste, les contraintes et les enjeux majeurs environnementaux notamment", a protesté M. Veillerette.
Générations Futures demande que la ministre "fonde ses déclarations, ses actions sur la base d'éléments factuels, objectifs et scientifiques".
Sollicité par l'AFP, le ministère de l'Agriculture n'a pas donné suite dans l'immédiat.