Planter des arbres génétiquement modifiés pour participer à la reforestation, c’est le pari de la start-up Living Carbon, fondée en 2019 par Patrick Mellor, biologiste et Maddie Hall, PDG de l’entreprise. Pour y parvenir, les créateurs de Living Carbon se sont appuyés sur les travaux de chercheurs en Illinois (États-Unis) qui ont observé un ralentissement, voire un "gâchis de CO2", lors du processus de photosynthèse des végétaux, comme le souligne une étude de la revue Forests, relayée par France Info, le 31 octobre dernier.
Pour pallier ce phénomène, l’étude indique que les biologistes ont effectué des modifications génétiques sur des peupliers et des pins. Ils ont notamment ajouté deux gènes d’une espèce différente aux peupliers et modifié un gène déjà présent. Résultat : les arbres modifiés ont poussé plus rapidement que les arbres naturels et ont absorbé 27 % de CO2 supplémentaire.
Un projet qui doit encore faire ses preuves
Dans son article, France info note que les spécialistes appellent à une certaine retenue vis-à-vis de leur expérimentation. Et pour cause. Bien que les bénéfices présentés par ces arbres soient presque révolutionnaires, les conséquences sur les autres espèces végétales ou animales, déjà présentes dans l’environnement où seront plantés les arbres, restent inconnues, notamment sur le long terme.
Malgré ces limites, le projet des scientifiques suscite l'intérêt de nombreux investisseurs, d'après la start-up. Sur son blog, celle-ci se targue d'avoir réussi à lever rapidement 21 millions d’euros de fonds, notamment grâce à des acteurs comme Toyota Ventures, dans le but de planter 4 à 5 millions d’arbres dans plusieurs États américains.
Elle omet néanmoins de mentionner que parmi les 170 000 arbres plantés lors de l’année 2024, seuls 8 900 étaient en réalité génétiquement modifiés. Sur ce point, Patrick Mellor se justifie en expliquant avoir souhaité comparer les arbres modifiés aux arbres naturels.
Alors que plusieurs spécialistes soulignent le manque de transparence de l'entreprise, le projet développé par Living Carbon doit encore faire ses preuves. Etant donné que les arbres modifiés n’ont évolué que dans des conditions contrôlées et à l’écart de tous les aléas climatiques, la question de leur survie et de leur adaptabilité se pose plus que jamais.
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