Deux députés, qui se sont penchés sur le bilan sécuritaire des JO de Paris, plaident pour la poursuite de l'expérimentation de la vidéosurveillance par algorithme et son extension à certains lieux exposés à des risques terroristes, dans un rapport dévoilé mercredi.
La vidéosurveillance par algorithme, qui consiste à associer des logiciels aux caméras de surveillance pour détecter des évènements ou des mouvements suspects, avait été expérimentée pendant les JO de Paris dans le cadre d'une loi votée en mai 2023. Près de 500 caméras avaient été équipées.
Cette expérimentation avait soulevé des critiques de plusieurs associations dénonçant à la fois le manque de transparence et des risques d'atteintes aux libertés publiques.
"Je peux comprendre qu'il y ait de réelles inquiétudes", a estimé Eric Martineau (MoDem), l'un des deux rapporteurs de la mission flash sur le bilan sécuritaire des JO, "mais il faut savoir ce qu'on analyse, c'est bien une mise en alerte. Après, c'est un humain qui va prendre la décision d'intervenir ou non".
La loi avait exclu l'utilisation de logiciels permettant le recours à la reconnaissance faciale, listant huit types d'évènements comportant un "risque d'acte de terrorisme ou d'atteinte grave à la sécurité des personnes" qui pouvaient être détectés.
"Il y en a quatre qui se sont révélés impraticables et sur les quatre autres, tous n'ont pas été d'une très grande utilité", a reconnu l'autre rapporteur de cette mission flash Stéphane Peu (PC).
Selon Le Monde, le rapport du comité d'évaluation de cette expérimentation remis au ministère de l'Intérieur à la mi-janvier a lui aussi souligné "les limites de cette expérimentation". Plusieurs scénarios prévus par les textes n'ont ainsi "pas ou peu été éprouvés", écrit Le Monde, citant la détection de départs d'incendie, de chutes de personne ou encore d'armes à feu.
Les deux parlementaires jugent également "prématuré" de se prononcer sur "la pérennisation ou l'abandon du dispositif". Et s'ils plaident pour continuer les expérimentations et de les élargir à des "lieux exposés à un risque de terrorisme", ils souhaitent également qu'un débat public soit organisé sur la question.
"Aujourd'hui, il y a des biais, beaucoup de biais possibles qui peuvent être attentatoires aux libertés individuelles", a estimé Stéphane Peu, "il faut que ce soit un débat public".
Le 4 mars, trois experts indépendants de l'ONU avait estimé que la France devait procéder "à un examen indépendant et impartial" des mesures de sécurité déployées pendant les Jeux olympiques de Paris 2024, parfois "disproportionnées" voire "illégales".