Arroser les rails et les canards: l'économie française en pleine canicule

Agriculture, BTP, énergie, transports... La canicule affecte tous les secteurs de l'économie française. Tour d'horizon des mesures prises pour faire face à des températures qui montent, et risquent même de dépasser les 40 degrés par endroits, dans le sud du pays.

ÉNERGIE - Réacteurs nucléaires au ralenti

Avec la baisse de l'activité économique liée aux congés du mois d'août, la demande d'électricité est réduite, mais EDF surveille de près les réacteurs nucléaires.

L'électricien utilise en effet l'eau des fleuves pour refroidir les réacteurs avant de la rejeter, mais elle ne doit pas dépasser une certaine température, afin d'éviter des conséquence néfastes pour la flore et la faune aquatiques.

EDF peut donc arrêter pendant plusieurs heures des réacteurs, ou simplement réduire la puissance de certaines unités si besoin.

Plusieurs réacteurs ont ainsi été affectés depuis jeudi dans la vallée du Rhône et dans la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin).

TRANSPORTS - Rails sous surveillance

Le week-end s'annonce chargé sur tous les axes de communication. La SNCF attend notamment 900.000 passagers, mais "les fortes chaleurs affectent deux matériels, les rails, qui peuvent se dilater au-delà de 45 degrés, et les caténaires, qui fournissent l'électricité des trains", a indiqué le directeur général adjoint de la SNCF, Mathias Vicherat, sur Europe 1 vendredi.

Les hommes et les machines sont donc mobilisés, avec des inspections physiques et des capteurs sur les rails. En cas de risque de surchauffe, les vitesses des trains seront réduites, comme c'est arrivé en juillet sur plusieurs voies ferrées.

Mathias Vicherat a par ailleurs précisé que 100% des TGV et Intercités avaient la climatisation, de même que 94% des TER et 60% des Transiliens (en banlieue parisienne). La SNCF prévoit également de distribuer environ 1 million de bouteilles d'eau dans les gares, le double de l'année dernière.

Les transports en commun sont aussi sur le qui-vive : à Lyon, où les températures nocturnes ne descendent pas sous les 28 degrés, Keolis a installé des ventilateurs pour faire circuler de l'air dans les tunnels des lignes A et B du métro pendant la nuit. Une partie des rames y sont stationnées pour être rafraîchies.

A Nancy, le rail de guidage du tramway sur pneus est régulièrement arrosé pendant l'alerte canicule, pour éviter toute déformation.

Côté autoroutes et aéroports, les responsables n'expriment pas d'inquiétude particulière en termes d'infrastructures, juste une vigilance renforcée pour les usagers.

"Il n'y a pas vraiment de +sujet canicule+", assure à l'AFP Christophe Boutin, délégué général de l'association des sociétés d'autoroutes ASFA. "Les chaussées ne fondent pas. Il faudrait que les températures montent encore beaucoup pour que ça commence vraiment à être un problème."

AGRICULTURE - Animaux à l'ombre

Daniel Peyraube, agriculteur près de Mont-de-Marsan (Landes), s'inquiète : "La situation est critique en ce moment pour le maïs, le tournesol et le soja, car les plantes sont en pleine pollinisation et le risque est d'avoir un pollen grillé par le soleil".

Côté étables et poulailler, il n'a pas eu de pertes. Les vaches restent à l'étable pendant la journée: "Nous ne les sortons pour pâturer qu'à partir de 17H00, sauf pour ceux qui ont des forêts ou des zones ombragées dans leurs pâturages", raconte-t-il à l'AFP.

Poulets, pintades et autres volatiles restent aussi à l'ombre. "Les canards sont arrosés avec un vaporisateur pour les rafraîchir", précise l'éleveur.

"Tant que les nuits sont fraîches (la nuit), autour de 13 degrés comme en ce moment, il n'y a pas de problème", ajoute-t-il. "La situation devient très compliquée si la température de nuit ne tombe pas au dessous de 18-20 degrés, car la chaleur s'installe dans les bâtiments."

La Fondation 30 Millions d'Amis a aussi demandé mercredi au ministre de l'Agriculture Stéphane Travert l'arrêt immédiat des longs transports d'animaux d'abattoir.

"Durant des milliers de kilomètres, ils subissent des conditions terribles, surtout lors des fortes chaleurs : entassés dans des camions surchargés, épuisés et déshydratés, beaucoup d'entre eux succomberont dans les pires souffrances lors de ces longs trajets", pointe la Fondation.

INDUSTRIE - Attention aux fissures

Ce n'est pas le moment de bétonner : aux heures les plus chaudes, l'eau s'évapore vite, ce qui favorise l'apparition des fissures. Les chantiers doivent donc prendre des mesures de précaution en fonction des températures, ou simplement restreindre le bétonnage à certains horaires, d'après un guide édité par l'organisation du secteur Cimbeton.

Dans l'industrie, beaucoup d'entreprises ferment leurs installations en août pour des opérations de maintenance. Mais les usines et chantiers de construction doivent aménager les conditions de travail de leurs employés, notamment en distribuant de l'eau fraîche en quantité suffisante.

bur-juj/soe/bma