Chèque alimentaire promis par Macron: des associations dubitatives

Le "chèque alimentaire" promis par Emmanuel Macron pour aider les plus modestes à se fournir en produits alimentaires locaux, durables voire bio, risque de s'apparenter à un "gadget" qui ne permettra pas de régler durablement la question de la précarité alimentaire en France, ont mis en garde jeudi plusieurs associations.

Evoqué depuis deux ans, ce projet censé entrer en vigueur cette année "est loin de répondre à toutes les questions de la lutte contre la précarité alimentaire", a fait valoir lors d'une conférence de presse un collectif associatif investi dans l'aide aux plus précaires et pour un "accès digne à une alimentation durable et de qualité".

Les besoins sont réels, puisque sept à huit millions de personnes en France sont en "situation d'insécurité alimentaire", et que "l'alimentation est devenue la variable d'ajustement du budget" de nombreux ménages, a souligné Laurent Seux, responsable du programme "Ensemble, bien vivre, bien manger" du Secours catholique.

Pour autant, les sommes évoquées sont trop modestes selon lui: de l'ordre de 30 à 50 euros par mois et par bénéficiaire alors qu'il faudrait au moins 120 euros par mois pour financer une alimentation correcte. Un tel système reviendrait à "donner des miettes" et à "faire l'impasse sur des solutions qui permettent de vivre dignement" sur le long terme, notamment l'augmentation des minima sociaux, a ainsi commenté M. Seux.

Certes, avec cette idée de chèques, "c'est la première fois qu'on ne lie plus l'aide alimentaire au gaspillage et aux invendus et ça permet aux gens de choisir ce qu'ils vont consommer et de le payer", approuve Boris Tavernier, délégué général de l'association "Vrac" (Vers un réseau d'achat commun).

Cependant, une telle idée ne peut constituer une réponse pérenne au problème, selon ce responsable qui s'inquiète également qu'"on déshabille Paul pour habiller Jacques", autrement dit que les fonds publics fléchés vers les chèques alimentaires se traduisent par autant de subventions en moins pour les associations déjà actives sur ces thématiques.

Le "réseau Cocagne", qui gère des jardins bio à vocation d'insertion sociale, vient ainsi d'apprendre qu'il allait perdre 300.000 euros de subvention publique allouée à ses "paniers solidaires" et que le gouvernement avait justifié cette mesure par le futur déploiement des chèques.

"Les chèques alimentaires pourraient faire disparaître des programmes innovants qui ont pris des années à se monter pour des milliers de bénéficiaires", a regretté Julien Adda, le directeur du réseau.