Combien de collants avez-vous filé cet hiver ? En 2016, Halte à l’Obsolescence programmée (HOP) réalisait un sondage auprès de 500 personnes sur cette question qui redevient d’actualité chaque hiver. Pour 70% des femmes ayant répondu, un collant ne s’utilise qu’entre deux à cinq fois… Oui, HOP est bien la même association qui milite pour la réparabilité de nos outils high tech et vient d’obtenir l’ouverture d’une enquête contre le fabricant d’imprimante Epson, pour délit d’obsolescence programmée. Les collants font aussi partie des chevaux de bataille de HOP, qui va, dans le courant de cette année, mener une enquête auprès de tous les acteurs de la filière. L’objectif ? Comprendre pourquoi nous en sommes arrivés à un tel pourcentage de bas qui filent et donner des pistes pour faire mieux.
Des bas nylon super résistants
Dans le documentaire Prêt à jeter, diffusé pour la première fois sur Arte en 2010, on apprend que les collants fins n’étaient pas, à l’origine, sensibles au moindre coup d’ongle. Cosima Dannoritzer, auteur du film, raconte que l’entreprise Dupont invente les bas en nylon, une matière révolutionnaire qui remplace la soie, dans les années 40. Le succès des bas nylon est à la hauteur de leur solidité. Conséquence : les femmes n’ont pas besoin de racheter sans cesse de quoi gainer leurs jambes et les ventes stagnent. Dupont demande alors à ses ingénieurs de revoir leur formule pour créer des collants fragiles, dont la durée de vie est limitée et créer ainsi un marché sans fin.
Tout ça est-il la faute des consommatrices qui ne veulent pas payer le prix pour des collants plus résistants ou bien préfèrent les modèles les plus fins et donc les plus fragiles ? C’est ce que rétorquent en général les marques pour justifier la piètre qualité de leurs produits.
Des alternatives
Il existe pourtant des alternatives, comme celle développée par Swedish Stockings. L’entreprise suédoise propose des collants conçus pour durer, ce qui ne les empêche pas d’être jolis et fins. Le processus de fabrication est, en prime, conçu pour nuire le moins possible à l’environnement : matière première issue de textiles recyclés, teintures non nuisibles, limitation de la consommation d’eau et d’énergie, mise en place d’un programme de recyclage des collants en fin de vie…
En attendant que ce type de pratiques se généralise et que le travail de HOP aboutisse, les idées pour donner soi-même une seconde vie à des collants filés ne manquent pas. Et transformer ses vieux bas en élastiques pour les cheveux en un coup de ciseaux, c’est ultra simple et cela permet d’éviter d’envoyer à l’incinérateur une matière polluante.