"En 2003, on a 25 ans et on se retrouve tous les deux dans une usine chinoise pour suivre un audit social d’une grande marque de mode. Pendant trois jours, on navigue parmi les ouvrières, elles ont le teint pâle et la mine fatiguée." Ainsi commence le récit de Sébastien Kopp et François-Ghislain Morillon. Deux ans plus tard, ils fondaient la marque de baskets Veja. Sur un nouveau site dévoilé la semaine dernière, les entrepreneurs racontent l’histoire de leurs chaussures jusque dans les détails.
Une autre voie
On peut aimer les baskets Veja pour leur design impeccable ou bien pour leur coton bio. On peut apprécier le fait que la récolte de leur caoutchouc permette de préserver la forêt amazonienne ou encore que la fabrication de ces chaussures réponde aux normes du commerce équitable. Mais on peut aussi simplement saluer cet effort de transparence. Pour être des consommateurs avisés, libres et responsables de nos choix, nous avons besoin de marques qui se racontent. Le système industriel nous a éloigné de façon radicale de l’information sur les modes de fabrication de ce que nous achetons. Veja n’est plus une petite marque à la marge. Elle a vendu 1,7 million de paires depuis ses débuts, elle est présente dans plus de 40 pays… Elle montre qu’une autre voie est possible, dans la durée, tout en continuant à croître, en se basant sur des principes radicalement différents du système dominant.
Moins de pub et plus de transparence
Allez faire un tour sur leur site pour lire la suite de leur histoire, téléchargez les contrats avec les producteurs ou les tests chimiques réalisés sur les baskets. Attardez-vous sur le chapitre consacré aux limites, car évoquer les insuffisances d’un modèle, ce qui reste perfectible, fait partie de cette démarche de transparence. Et découvrez enfin que cette exigence ne nous est pas facturée plus au final qu’une paire de baskets de marque standard. Les Veja coûtent pourtant cinq fois plus cher à produire que leurs concurrentes. Comment les fondateurs ont-ils résolu cette équation ? En choisissant de ne pas consacrer un centime à la publicité quand les dépenses de marketing pèsent pour environ 70 % du prix d’une basket lambda. Moins de pub et plus de transparence, voilà ce qu’il nous faut.