La présidence colombienne de la COP16 biodiversité a soumis vendredi un texte de compromis aux pays du monde entier, qui se retrouveront mardi à Rome pour tenter de s'accorder sur le financement de la sauvegarde de la nature, quatre mois après leur échec à Cali.
Début novembre, cette grande conférence environnementale des Nations unies s'était conclue sans consensus sur les moyens de mieux financer l'arrêt de la destruction de la nature d'ici 2030, objectif que s'est fixé l'humanité en 2022 par l'accord de Kungming-Montréal.
A Cali, le dernier texte sur la table prévoyait la création, réclamée avec force par les pays en développement, d'un nouveau fonds destiné à leur distribuer l'argent public des grandes puissances.
Mais ces dernières y sont radicalement hostiles, y voyant une fragmentation de l'aide au développement, déjà fragilisée par les crises budgétaires et l'effacement en la matière des États-Unis.
Vendredi, la présidence colombienne a publié un texte qui "cherche à naviguer entre les lignes rouges" des 196 pays signataires de la Convention sur la diversité biologique (CDB), selon Aleksander Rankovic, du groupe de réflexion Common Initiative.
Le nouveau texte propose une réforme d'ici 2030 des flux financiers pour sauvegarder la nature. Ils doivent atteindre 200 milliards par an d'ici 2030, dont 30 milliards des pays riches.
"Ce texte ne permet toujours pas de répondre à la question +où trouver les milliards+, mais il organise un travail multilatéral pour obtenir la réponse d'ici 2030", résume Aleksandar Rankovic.
Le document prévoit ainsi d'"améliorer les performances" du Fonds mondial pour l'Environnement (GEF, en anglais) et, sous son autorité, du Fonds-cadre mondial pour la biodiversité (GBFF,en anglais), solution temporaire adoptée en 2022 et modestement dotée (400 millions de dollars).
Mais le texte prévoit aussi de "désigner ou établir un instrument mondial, ou une série d'instruments," sur le financement de la protection de la nature.
Le texte fixe l'objectif qu'"au moins un instrument" financier soit à terme placé sous l'autorité de la CDB, soit une revendication majeure du monde en développement qui réclame plus d'équité et de transparence dans l'accès aux financements.
S'agit-il des prémisses d'un nouveau fonds, ce qui braquerait les pays riches, ou bien cet objectif peut-il être atteint par la réforme proposée des outils existants?
C'est tout l'enjeu des négociations du 25 au 27 février à Rome, au siège de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).