Déchets nucléaires du projet Cigeo: des experts veulent approfondir les risques incendie et explosion

Des éléments complémentaires seront nécessaires afin de s'assurer que le projet Cigeo d'enfouissement des déchets radioactifs permettra de prévenir et gérer les risques d'explosion et d'incendie pendant le stockage des "colis" irradiés, selon deux avis d'experts publiés jeudi.

L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), l'organisme expert de la sûreté, et le groupe permanent d'experts pour les déchets (groupe d'experts externes pluraliste) avaient été saisis par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le gendarme du secteur, dans le cadre de l'instruction de la demande d'autorisation du projet Cigéo, qui vise à enfouir à 500 m sous terre les déchets les plus radioactifs, dans le secteur de Bure (Meuse).

Depuis, l'ASN et l'IRSN ont fusionné le 1er janvier au sein d'une entité unique, l'ASNR (autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection), à qui il reviendra de se prononcer sur cette demande déposée début 2023 par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).

Dans ces deux avis, l'IRSN et le groupe permanent (GDP) se sont penchés sur la capacité du site à maîtriser un spectre de risques pendant la période où les "colis" seront progressivement déposés, qu'il s'agisse d'"agressions externes" (inondations, chutes d'avion) et de problèmes internes (accident de manutention, dissémination de radioactivité, inondation).

Le GPD et l'IRSN, dont les conclusions se rejoignent, ont estimé que la démonstration de la sûreté du fonctionnement de Cigeo présentée par l'Andra est "globalement satisfaisante", mais devra être complétée en ce qui concerne la gestion des risques liés aux incendies et à l'explosion. "L'analyse du risque d'incendie nécessite d'être consolidée", a indiqué le GPD dans son avis publié sur le site de l'ASNR.

Par ailleurs, concernant la maîtrise des risques d'explosion dans l'installation souterraine, l'IRSN estime qu'il est "difficile" d'estimer si la démonstration de sûreté peut être apportée à ce stade de développement du projet. "Des évolutions de modes d'exploitation ou de conception des alvéoles de stockage pourraient être nécessaires", selon son avis publié séparément.

Ces alvéoles - en fait des tunnels de stockage -- accueilleront les déchets les plus nocifs, dit de "haute activité", ainsi que les déchets dit de "moyenne activité à vie longue". Ils sont exposés à des risques d'explosion en cas de concentration d'hydrogène dans l'atmosphère de ces tunnels, ce gaz pouvant provenir de la corrosion d'éléments métalliques ou de la décomposition de matière organique sous l'effet des rayonnements ionisants.