Deux-Sèvres: Jadot, Mélenchon, marchent aux côtés des opposants aux "bassines" pour l'irrigation

Quelque milliers de personnes, dont les anciens candidats à la présidentielle Yannick Jadot (EELV), Jean-Luc Mélenchon (LFI), Philippe Poutou (NPA) ont manifesté dimanche dans les Deux-Sèvres contre des projets de retenues d'eau, devenues un conflit emblématique entre agriculteurs et écologistes sur l'usage de l'eau.

Porteurs de pancartes "Eau voleur !" "Eau secours, No Bassaran !", les manifestants ont traversé dans l'après-midi le village d'Epannes, l'un des sites prévus pour 16 retenues d'eau hors sol --"bassines" comme les appellent leurs opposants-- pour l'irrigation agricole de plus de 200 exploitations. Un premier chantier devrait débuter au printemps 2021.

Les drapeaux de partis --EELV, PCF, LFI, NPA-- syndicats, associations de défense de l'environnement, flottaient au sein du cortège pacifique, en musique, qui a rassemblé près de 3.000 personnes selon l'organisateur, le collectif "Bassines, non merci !", et 2.000 selon la police.

Les "bassines", a estimé M. Mélenchon "sont un symbole du cycle de l'eau qui va devenir un problème transversal", et la rareté de l'eau "thème central" pour LFI. "Etre contre des retenues d'eau ne parait pas aller de soi", mais la captation d'eau met en péril des zones humides telles que le Marais poitevin, 2e zone humide de France après la Camargue, et que le leader de LFI a visité dimanche matin.

"Il faut décréter que l'eau est un bien commun. Personne ne peut se l'approprier sans que la collectivité ait donné son mot", a lancé M. Mélenchon, à l'issue de la marche, à laquelle participait également l'altermondialiste José Bové.

Yannick Jadot a pour sa part jugé "insupportable, dans le débat public, de vouloir diviser les écologistes et les paysans". Mais il a pointé du doigt la FNSEA, qui soutient les bassines, "mirages de l'eau magique préservée pour quelques irrigants, mais rien pour les autres".

L'opposition aux bassines s'est ces dernières années cristallisée dans les Deux-Sèvres, site d'une douzaine de 16 retenues prévues dans la région (avec Charente-Maritime et Vienne voisines), sur le bassin de la Sèvre niortaise et du Mignon, crucial pour l'alimentation du Marais poitevin.

Les opposants, dont "Bassines non merci !" dénoncent le risque d'assèchement des nappes profondes, autour de ces retenues d'eau selon eux surdimensionnées, pour quelques exploitants irrigants. Et qui, pour eux perpétuent "un modèle productiviste" agricole.

Dans le même temps dimanche, la FNSEA des Deux-Sèvres a dénoncé "l'incendie criminel" samedi, de matériel d'irrigation (en l'occurrence un tuyau) chez un agriculteur de Mauzé-sur-le-Mignon. L'agriculteur va porter plainte, et le syndicat se porter partie civile. Le président de la FNSEA-79 Grégory Nivelle a déploré à l'AFP "un contexte local tendu", avec au moins trois actes de vandalisme ces dernières semaines contre de l'équipement d'irrigation.