Le gouvernement va lancer des travaux pour mieux connaître les captages d'eau potable les plus fragilisés et mettre en oeuvre "une protection renforcée" face aux pollutions et au changement climatique, selon une feuille de route présentée vendredi par la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher.
L'alimentation en eau potable de la population française est assurée par quelque 32.900 captages d'eau potable, dont 96% prélèvent de l'eau souterraine et fournissent deux tiers du volume d'eau consommé par le pays.
Mais leur nombre se réduit : environ 14.000 ont été fermés ces 40 dernières années, dont "un tiers (...) parce que l'eau n'était plus potable du fait de pollutions" aux pesticides et aux nitrates, a rappelé la ministre, en déplacement à Lens (Pas-de-Calais).
Sur les 15 dernières années, la France a pris des mesures pour assurer la qualité de 1.100 captages et 1.500 au total sont considérés comme "sécurisés", a indiqué le cabinet de la ministre.
Le gouvernement souhaite, pour tenter d'endiguer cette dégringolade, cibler les captages dits "sensibles" aux pollutions diffuses, agricoles ou industrielles, selon des critères à définir lors d'une concertation. Celle-ci sera menée à partir du mois d'avril, avec la réactivation du "groupe national captages", réunissant collectivités, industriels de l'eau, représentants du monde agricole et les ministères concernés.
Cette concertation doit aboutir d'ici fin 2025 à un arrêté définissant quels sont les captages à protéger en priorité.
"Mettons-nous d'accord sur les 3.000 points de captage sur lesquels on met le paquet", a déclaré la ministre en déplacement à Lens pour présenter sa stratégie, qui vise donc à tripler le nombre de captages sécurisés.
La concertation doit également aboutir à la rédaction d'un "guide opérationnel à destination des préfets" pour une gestion cohérente et "raisonnablement homogène sur l'ensemble des territoires", a indiqué la ministre.
Quelque 6,5 millions d'euros de crédits du plan Ecophyto, la stratégie nationale de réduction des pesticides, seront mobilisés pour "lever les blocages pour les captages les plus prioritaires", selon le ministère.
Pour le reste, le ministère souhaite s'appuyer sur les aides de la Politique agricole commune (PAC) européenne pour financer l'accompagnement des agriculteurs.