Galvanisés par l'exemple de la jeune militante suédoise Greta Thunberg, la démission du ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot en France ou partisans de la désobéissance civile comme Extinction Rebellion, des centaines de milliers de citoyens sont descendus dans la rue depuis plus d'un an et demi.
Mi-mars, des marches ou des grèves étaient encore prévues au Portugal, au Brésil, au Danemark, au Nigeria et en France. Mais l'épidémie de coronavirus a tout arrêté. "Nous avons décidé d'annuler ou de repousser nos grandes marches", "c'était ce qu'il fallait faire", a commenté Greta Thunberg mercredi, lors d'un débat en ligne. "Pendant une crise, vous devez mettre les choses de côté et faire ce qui est le mieux pour la société", a poursuivi l'adolescente de 17 ans, en parlant du confinement qui a touché jusqu'à la moitié de l'humanité.
Pour autant, "nous n'avons pas cessé d'agir, même dans cette situation", explique à l'AFP Vanessa Nakate, jeune activiste ougandaise. La grève de l'école se poursuit en ligne, les jeunes postant des photos d'eux avec pancartes et slogans chaque vendredi sur les réseaux sociaux. Le mouvement "Fridays for Future" organise des débats sur sa chaîne Youtube avec de jeunes activistes et des vidéos explicatives sur les enjeux climatiques.
Ce vendredi, des militants, scientifiques, artistes interviendront pendant 20 heures d'affilée en ligne sur fridaysforfuture.org/fff24.
Extinction Rebellion, qui s'est fait connaître en bloquant les centres de Londres et de Paris, a aussi renoncé provisoirement aux actions de désobéissance civile pour réclamer une action plus forte des gouvernements face au réchauffement.
Le mouvement, né au Royaume-Uni, a lancé une campagne en ligne, #LoveandRageinTimesOfCorona - "amour et rage au temps du corona" - où des militants de plus de 65 pays partagent leurs expériences pendant le confinement. À La Haye, des militants ont déposé des centaines de paires de chaussures sur une place, avec des messages, pour manifester symboliquement.
Grève en ligne et formation
En France, les mouvements citoyen Alternatiba et d'actions non violentes ANV-COP21, proposent des formations, des conférences sur les dérèglements climatiques et les alternatives possibles, ou relayent des actions locales de solidarité.
En Suisse, Fridays for Future s'est adapté, comme ailleurs. Début mars, avant même le confinement, "la coordination, soit une cinquantaine de personnes, a décidé de ne plus se voir", raconte à l'AFP Layla Outemzabet, apprentie ébéniste. Des réunions en ligne sont organisées, mais "c'est clairement moins efficace", reconnaît cette militante de 21 ans. "Ça nous a demandé d'être plus créatifs et créatives." Leur travail, avec plus de temps disponible, a débouché sur la pétition "Des soins, pas des dividendes", des formations en ligne ou la participation d'une centaine de militants à une journée d'aide à des agriculteurs aux champs.
La militante espère que des tendances apparues pendant le confinement, comme consommer plus local, disposer de plus de temps pour soi, vont amener des gens à réfléchir "au temps de travail" ou aux liens entre agriculture, climat et souveraineté alimentaire. "Peut-être que nos revendications sembleront moins utopistes", espère-t-elle.
Pour Greta Thunberg, le confinement constitue un bon moment pour "s'informer": "plus vous en savez sur le sujet, plus vous serez capables d'agir dans le bon sens", estime-t-elle. Même de chez soi, "vous devez vous faire entendre, sinon quelqu'un d'autre le fera", encourage la Suédoise. "Il ne faut pas que les gens oublient qu'avant cette crise, il y en avait une autre", abonde Vanessa Nakate.
Quand le confinement sera levé, "il sera encore nécessaire que nos enfants descendent dans la rue pour nous enseigner ce qui est évident : que nous n'avons pas d'avenir si nous détruisons l'environnement qui nous soutient", les a encouragés mercredi le pape François à l'occasion de la 50e journée mondiale de la Terre.
Avec AFP.
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