Ehpad privés: profit et bientraitance pas incompatibles, plaide la patronne de Korian

Le recherche du profit dans le secteur des maisons de retraite n'est pas incompatible avec le bien-être des résidents, à condition de viser un "bénéfice raisonnable", a plaidé mercredi devant les députés la patronne du groupe d'Ehpad privés Korian.

"Oui, nous sommes une entreprise, et oui nous devons avoir une activité profitable, je l'assume, c'est la condition sine qua non pour investir", a déclaré la directrice générale de Korian, Sophie Boissard, devant la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale.

Cependant, "les profits ne sont pas une fin en soi. Dans notre activité, qui est une activité d'intérêt général, du bien commun, nos profits sont un moyen au service de notre mission", a poursuivi la dirigeante, interrogée par les députés qui s'intéressent aux révélations du livre "les Fossoyeurs" sur des maltraitances supposées au sein des Ehpad du groupe Orpea, concurrent de Korian.

"La notion de bénéfice raisonnable a du sens dans notre secteur", a encore dit Mme Boissard, estimant que sur ce point, son entreprise était "raisonnable": en 2020, a-t-elle détaillé, le groupe a réalisé 1,8 milliard de chiffre d'affaires, et a investi 400 millions dans la rénovation de ses établissements et ses systèmes d'information, tout en versant 30 millions d'euros à ses actionnaires sous forme de dividendes.

Devant les députés, la patronne de Korian a pris soin de se démarquer de son concurrent Orpea, dans la tourmente depuis la parution du livre de Victor Castanet. Sans "avoir la prétention de dire que tout est parfait chez Korian", elle a souligné que le "système" décrit dans le livre n'avait "rien à voir" avec la culture d'entreprise chez Korian.

"Il n'y a aucune consigne qui serait donnée pour rationner" les protections hygiéniques des personnes âgées, a-t-elle affirmé. "Si des faits de rationnement me sont rapportés, c'est une faute, c'est maltraitant".

S'exprimant également devant les députés, le directeur général de Korian pour la France, Nicolas Mérigot, a affirmé de son côté que son entreprise n'empochait aucune rétrocommission de la part de ses fournisseurs. Le groupe obtient certes des réductions de l'ordre de 20% grâce à sa centrale d'achats, mais communique ensuite aux pouvoirs publics le prix réellement payé, en vue d'obtenir des financements au titre de l'enveloppe "soins" et "dépendance" des résidents, a-t-il détaillé.

Korian, qui n'est pas principalement visé dans l'enquête de Victor Castanet, a malgré tout subi le contre-coup de la déflagration médiatique suscitée par le livre, son cours de Bourse ayant perdu environ un tiers de sa valeur depuis le 24 janvier.

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