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"Ils changent le monde" : remise des Prix de la Fondation Terre Solidaire

Le 14 novembre dernier s’est tenue la remise des Prix "Ils changent le monde", organisée par la Fondation Terre Solidaire. Ces Prix visent à mettre en lumière des travaux de recherches qui mettent leurs enseignements au service de l’action, ainsi que des initiatives citoyennes locales. Retour sur cette soirée.   

"Ils changent le monde". C’est le nom des Prix remis par la Fondation Terre Solidaire le 14 novembre dernier pour récompenser des projets de recherches et des initiatives citoyennes qui œuvrent pour la transition à l’échelle locale. A cette occasion, le climatologue et ancien vice-président du GIEC Jean Jouzel a remis le Prix de Thèse à deux lauréats, Léa Billen et Elias Ganivet, et le Prix des Initiatives citoyennes locales à l’Archipel de Kembs, un collectif qui agit pour une transition écologique et solidaire.  

Créée en 2016 par le CCFD-Terre Solidaire, la Fondation s’est donnée pour mission de soutenir et de valoriser "la diffusion de projets alternatifs audacieux et plus respectueux de la nature [...], afin de promouvoir et d’accélérer la transition écologique et solidaire", expliquait en 2022 dans un entretien à ID Philippe Mayol, son directeur. Reconnue d’utilité publique, la Fondation Terre Solidaire promeut la nécessité de construire une société plus juste et plus responsable. Elle fédère également une communauté d’associations et de fondations. Depuis sa création, la Fondation a déjà soutenu près de 250 projets.  

Encourager des travaux qui sortent des sentiers battus  

Les Prix "Ils changent le monde" s’inscrivent dans cette démarche. En plus des initiatives citoyennes, la Fondation a également à cœur de mettre en lumière des projets de recherches qui traitent de la transition écologique juste et solidaire. Autrement dit, des thèses qui englobent les questions de justice sociale et qui sont en lien avec l’action : soit parce qu’elles ont été réalisées en partenariat avec des acteurs engagés, soit en mettant au service de ces acteurs les connaissances produites par leurs travaux.  

"Ce genre de thèse n’est pas forcément encouragé aujourd’hui", déplore en préambule de la remise des Prix Véronique Lucas, sociologue rurale et présidente du jury du Prix de Thèse. "On veut signifier à ces doctorants et à ces doctorantes qui prennent ce pari que c’est attendu, et les encourager à aller à contre-courant de ces logiques dominante".  

Dans la catégorie Sciences humaines et sociales, la lauréate 2024 est Léa Billen, docteure en géographie, pour sa thèse intitulée "L’écologie ordinaire en quartiers populaires. Une mise en regard des initiatives écologistes citoyennes dans trois quartiers classés en géographie prioritaire en France". Léa Billen s’est intéressée aux initiatives écologistes dans les quartiers populaires, souvent invisibilisées. Elle développe la notion d’écologie ordinaire, une écologie ancrée "dans le quotidien des gens en apportant une réponse pragmatique à des besoins de la vie quotidienne", précise-t-elle dans la présentation de sa thèse.  

"Cette thèse vient secouer nos préjugés" salue Florence Denier-Pasquier, administratrice de France Nature Environnement et juriste environnementale. Au nom du jury, elle félicite la jeune docteure pour la déconstruction de l’idée selon laquelle les quartiers populaires seraient indifférents ou hostiles à l’écologie, ainsi que pour l’incarnation de sa thèse. "Elle s’est vraiment personnellement impliquée dans les différents tissus associatifs", souligne-t-elle.  

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Dans la catégorie Sciences de l’ingénieur et de la Terre, le Prix a été décerné à Elias Ganivet, docteur en sciences de l'environnement, pour sa thèse intitulée "Eau, territoires et changements globaux : vers une approche systémique et participative de modélisation pour concevoir et agir en complexité". Elias Ganivet est parti des enjeux liés à l’eau dans les territoires, et de la complexité des outils de modélisation utilisés par les décideurs publics. L’objectif de ses travaux a été "de développer une méthodologie permettant d’ancrer dans les territoires une démarche participative de modélisation servant d’aide prospective à la décision concernant la gestion locale de l’eau", explique-t-il dans la présentation de sa thèse.  

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"Le travail de thèse d’Elias est original parce qu’il est d’une pluridisciplinarité époustouflante", indique Vincent Pivetot, membre du jury, ingénieur et administrateur du collectif Paysages de l’après-pétrole. "Et la deuxième originalité c’est qu’il est incarné. […] Il y a une part égale entre la structuration du modèle technique et scientifique et ce que peut apporter le travail avec les acteurs en situation", ajoute-t-il.  

"Des réponses originales et locales à des enjeux systémiques"

Le Prix des initiatives citoyennes locales, lui, a été attribué à l’Archipel de Kembs, un collectif créé en 2016 à Kembs, en Alsace, et qui a depuis essaimé dans d’autres territoires. Leur objectif : imaginer la transition écologique au niveau local, et contribuer à construire un monde plus respectueux de l’Homme et de la nature. Leurs axes d’action : reconnecter les enfants à la nature, promouvoir une alimentation de proximité ou encore préserver la biodiversité.  

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"Il y a eu une véritable unanimité", explique Lauren Boudard, co-fondatrice du média Climax et membre du jury. "On voulait sélectionner des projets qui apportent des réponses originales et locales à des enjeux systémiques, […] qui sont à une étape cruciale de leur développement, […] et qui ont déjà fait leurs preuves. Avec l’Archipel de Kembs, vous avez coché toutes les cases, et même d’autres. C’est un projet co-construit et qui évolue avec les citoyens, et c’est vraiment ça qui nous a séduits". 

La soirée s’est conclue par une table ronde sur le thème "Crises et transition écologique : les solutions citoyennes pour changer le Monde", au cours de laquelle les lauréats ont pu échanger et apporter leurs expériences et perspectives. Des échanges qui ont mis en lumière l’importance du local, et la nécessité d’une articulation entre le local et le global. "Je n’aime pas opposer global et local", sourit Jean Jouzel, "mais ces approches sont vraiment complémentaires". 

En partenariat avec La Fondation Terre Solidaire.