"Darmanin n'étouffera pas l'opposition à ce projet !" Les Soulèvements de la Terre, ainsi que les collectifs écologistes locaux, ont réaffirmé leur volonté de manifester sur le futur tracé de l'autoroute, un projet qu'ils jugent "du siècle passé", "inutile, écocidaire et antisocial".
Indignés par l'interdiction "irresponsable" annoncée mardi par le ministre de l'Intérieur, ils ont répondu sur le réseau Telegram par un pastiche d'autorisation préfectorale de la manifestation qui, "vu l'urgence de la crise climatique" et "vu la légitimité démocratique des milliers de personnes mobilisées", arrête dans son article premier que "toute manifestation (...) est autorisée sur l'ensemble du tracé".
Au cours d'un point presse en ligne mercredi, ils n'ont pas donné de détails sur les formes précises de leur "manif'action" qui prendra pour base, à partir de vendredi soir et jusqu'à dimanche, un lieu de rassemblement sur un terrain privé, à proximité du chantier.
"Plusieurs dizaines de milliers" de personnes sont attendues, ont-ils affirmé, confiant n'être pas inquiets sur le niveau de la mobilisation.
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"Réactions populaires"
"Toute atteinte à cette liberté de manifester fera l'objet de recours, plaintes et dénonciations (...) et pourrait entraîner des réactions populaires imprévisibles", ont prévenu les organisateurs dans l'article 3 de leur "arrêté" d'autorisation.
A l'Assemblée nationale, Gérald Darmanin avait estimé mardi que la mobilisation s'annonçait "extrêmement violente", avec "600 black blocks (...) qui veulent en découdre, s'en prendre aux biens, attaquer des personnes".
"Si ça dégénère, ça ne sera pas de notre fait évidemment, notre objectif n'est pas d'aller à une confrontation violente", a déclaré le préfet du Tarn Michel Vilbois, interrogé sur les violents incidents survenus lors de la manifestation écologiste, également interdite, contre les méga-bassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) en mars 2023.
Le représentant local de l'Etat, qui a évoqué mardi le chiffre de "5.000 manifestants potentiels", voit d'ailleurs dans l'interdiction du rassemblement un premier signe de cette volonté, puisque cela "vise à décourager les personnes de toute bonne foi non violentes qui auraient souhaité participer".
L'arrêté préfectoral publié mercredi a précisé que tout rassemblement serait interdit dès le 5 juin au soir et jusqu'au lundi 10 juin au soir sur les 17 communes du Tarn situées sur le tracé de l'autoroute contestée.
Avant la mobilisation de ce week-end, baptisée "Roue libre", les protestations contre l'A69 se sont multipliées ces derniers mois et ont notamment été marquées par deux grands rassemblements de plusieurs milliers de personnes: "Sortie de route" en avril 2023 et "Ramdam contre le macadam" en octobre.
Protéger les entreprises
Un troisième rassemblement, plus local, a également réuni en décembre des opposants à l'autoroute et aux "centrales d'enrobé bitumineux à chaud" qui vont s'installer dans le Tarn pour produire les 500 000 tonnes du revêtement de l'A69.
En octobre et décembre, les organisateurs n'ont pas respecté les engagements pris pour obtenir l'autorisation des manifestations qui ont donné lieu à des incidents et dégradations, a souligné le préfet qui dénonce une "stratégie de dissimulation".
Ce week-end, ce seront "1 000 gendarmes et policiers qui seront mobilisés" c'est-à-dire le même dispositif qu'en octobre, a-t-il précisé.
Par ailleurs, il a été demandé aux entreprises concernées sur place par le chantier de "prendre des mesures évidentes de sécurité", comme "regrouper les matériels sensibles dans un endroit protégé".
Martial Gerlinger, directeur général d'Atosca, futur concessionnaire de l'autoroute et opérateur du chantier, a expliqué mercredi que ce week-end allait "être encore plus particulier", après déjà des mois de difficultés "totalement inadmissibles".
"On va encore renforcer les moyens de sécurisation d'une part de nos agents - c'est ce qu'on prévoit dès à présent - mais aussi de nos véhicules et de nos sites", a-t-il précisé lors d'un point presse.
Avec AFP.