Ils ont obtenu l'abandon d'une hausse des taxes du carburant des tracteurs, de premières mesures de simplification, la promesse d'un tour de vis sur les industriels agro-alimentaires, mais les agriculteurs veulent plus: certains sur les pesticides, tous sur la dénonciation des accords de libre-échange ou la garantie d'un revenu décent.
Les mesures déjà actées
Sur le gazole non routier (GNR), le gouvernement a abandonné la hausse prévue de la taxe sur ce carburant des tracteurs. Il a aussi promis qu'à partir de juillet, les agriculteurs bénéficieraient de l'avantage fiscal dont ils bénéficient sur le GNR dès la livraison, et n'auront plus à en demander le remboursement après coup.
Le Premier ministre s'est engagé à dix mesures immédiates de "simplification administrative", pour accélérer par exemple les procédures pour le curage des cours d'eau, la construction de bâtiments d'élevage ou de projets de stockage d'eau par exemple.
Pour garantir le respect des lois Egalim, qui visent à protéger les revenus des agriculteurs, le gouvernement a prévu de multiplier les contrôles et devrait prononcer des "sanctions lourdes" contre trois entreprises, non nommées.
Des aides supplémentaires vont être débloquées, pour les élevages touchés par la maladie bovine MHE (50 millions d'euros), pour la filière bio (50 millions), pour les exploitations bretonnes affectées par la tempête Ciaran et pour la viticulture. Gabriel Attal a rappelé l'opposition de la France à tout accord de libre-échange avec le bloc latino-américain Mercosur.
Là où les syndicats veulent aller plus loin
Sur le GNR, la Coordination rurale (CR), 2e syndicat agricole, demande l'abandon de toute taxe. La CR souhaiterait par ailleurs plus de détails sur les fonds d'urgence et regrette que la grippe aviaire n'ait pas été abordée. "Le gouvernement s'engage à quoi exactement?", a résumé la présidente de la CR, Véronique Le Floc'h, auprès de l'AFP. Sur les accords de libre-échange, tous les grands syndicats veulent que le gouvernement s'engage plus pour éviter une "concurrence déloyale".
Il faut que les produits importés soient soumis aux mêmes normes que les produits français, plaide le patron de la FNSEA, qui avec les Jeunes agriculteurs forme le premier syndicat du secteur. Arnaud Rousseau mentionne régulièrement l'accord en discussion avec le Mercosur mais aussi avec l'Ukraine, qui bénéficie de la suspension des droits de douanes sur certains produits agricoles depuis 2022.
Véronique Le Floc'h invoque une "exception agriculturelle", exigeant de ne plus sacrifier l'agriculture en échange d'avancées dans d'autres secteurs économiques. La Confédération paysanne, 3e syndicat agricole et classée à gauche, exige que la France s'implique fortement pour arrêter les négociations sur le Mercosur.
La Confédération paysanne voudrait aussi que les lois Egalim soient non seulement plus contrôlées mais aussi renforcées: pour sa secrétaire générale Véronique Marchesseau, il faut un "arbitrage public" dans les négociations pour s'assurer que les agriculteurs ne vendent pas sous leur "prix de revient" (coût de production + rémunération).
Pour faciliter l'installation des nouveaux agriculteurs, objet d'une loi en préparation, la Coordination rurale plaide notamment pour la suppression des droits de succession. La CR demande aussi une revalorisation des retraites agricoles, tandis que la FNSEA regrette qu'un rapport sur le sujet prévu de longue date n'ait toujours pas été publié.
Les mesures que le gouvernement n'a pas ou peu abordées
Il faut que le gouvernement "change de logiciel", notamment en affirmant renoncer à produire moins, comme l'implique le "Pacte vert" décidé à Bruxelles, a avancé Arnaud Rousseau lundi. Il plaide aussi pour que le gouvernement renonce à toute "surtransposition", c'est-à-dire à l'application en France de mesures réglementaires plus strictes que celles demandées par Bruxelles, notamment sur les pesticides.
Allant plus loin, la Coordination rurale demande à ce que la France "obtienne la renégociation immédiate de la PAC (Politique agricole commune)", qui conditionne le paiement des aides à certaines normes environnementales, a indiqué Véronique Le Floc'h.
L'obligation de consacrer 4% des terres arables à de la jachère ou à des infrastructures agroécologiques (haies, fossés, mares) est conspuée par la FNSEA comme la CR. Sur ce sujet, la Confédération paysanne estime à l'inverse que c'est de la "démagogie totale de faire des normes environnementales le bouc-émissaire du malaise agricole", indique Véronique Marchesseau en estimant que ces normes "ne sont pas nocives" mais "nous protègent".
Avec AFP.
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