Les zones humides abritent de nombreuses espèces animales et végétales.
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Environnement

Les zones humides, refuges menacés de la biodiversité

Véritables refuges pour la biodiversité, les zones humides sont des écosystèmes fragiles, menacés par les activités humaines et le changement climatique. Pourtant, leur rôle est essentiel. Décryptage. 

Tourbières, marais, mangroves… Il existe de nombreux types de zones humides. Mais en France, entre 1960 et 1990, leur surface a régressé de 50 %. Aujourd’hui, cette détérioration est moins rapide mais n’a pas pour autant été endiguée. Entre 2010 et 2020, 41 % des sites humides évalués se sont dégradés. Et seuls 6 % des habitats humides, évalués entre 2013 et 2018, sont en bon état de conservation.

Une zone humide se caractérise, en toute logique, par la présence d’eau. Selon le Code de l’environnement, il s’agit de "terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d'eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire, ou dont la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l'année". En métropole, on estime à près de 30 % la part du territoire propice à la présence de ces zones. En Outre-Mer, on dénombre plus de 91 000 hectares de mangroves.

Des menaces liées aux activités humaines et au changement climatique

Les sites humides servent de refuge à de nombreuses espèces animales et végétales mais, comme beaucoup d’écosystèmes, ils sont fragilisés par les activités humaines. En particulier par l’artificialisation des sols, liée à l’urbanisation et aux infrastructures de transports, et par l’agriculture intensive. Des menaces auxquelles s’ajoutent l’introduction d’espèces exotiques envahissantes, l’aménagement des cours d’eau ou encore les prélèvements excessifs d’eau. En 2020, le ministère de la Transition écologique et l’Office français de la biodiversité (OFB) ont estimé que chaque zone humide subissait en moyenne les pressions de 14 activités humaines différentes.

Ces écosystèmes sont également menacés par la montée des eaux engendrée par le changement climatique. D’après une étude publiée le 16 mai dernier dans la revue Conservation Biology, même dans les scénarios les plus optimistes, plus d’un tiers des sites étudiés sur le pourtour méditerranéen seront impactés, parfois jusqu’à l’inondation totale. "Le Parc naturel régional de Camargue, qui abrite la plus grande zone humide française, pourrait par exemple subir la submersion d’une surface de terres équivalente à quatre fois la superficie de Paris" alerte un communiqué du Muséum national d’histoire naturelle, qui a participé à l’étude.

Un constat d’autant plus inquiétant que les zones humides inondées pourraient émettre davantage de méthane, un gaz à effet de serre, d’après une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences. "Quand on a de l’eau, de la chaleur et de la matière organique, on a le cocktail idéal pour favoriser l’activité des bactéries qui produisent le méthane" explique au journal Le Devoir Michelle Garneau, professeure de géographie à l’Université du Québec à Montréal et spécialiste du carbone dans les milieux humides nordiques.

Des bienfaits pour la nature et pour les Hommes

Les zones humides sont particulièrement utiles, non seulement à la nature mais aussi aux sociétés humaines. Elles permettent la rétention d’eau en période d’inondation et la restitution d’eau en cas de sécheresse. Elles filtrent et dépolluent l’eau et stockent le carbone. Elles fournissent des ressources naturelles et servent d’habitat à de nombreuses espèces. Et elles jouent également un rôle social, culturel et patrimonial.

Pour tenter de préserver ces écosystèmes, la communauté internationale a signé en 1971 la convention de Ramsar, un traité qui regroupe aujourd’hui 172 pays et près de 2 500 sites d’importance internationale, les sites Ramsar, dont une cinquantaine en France. Au niveau national, l’Etat a lancé en 2022 le 4ème plan national d’action milieux humides, avec un budget alloué de 325 millions d’euros sur la période 2022-2026. Un coup de pouce bienvenu pour la biodiversité.