Le 11 juillet, dans la soirée, le ministre s'est retrouvé empêtré dans une nouvelle affaire révélée par Mediapart : la location d'un appartement à Orvault, près de Nantes et qui serait "à loyer social préférentiel", au prix de 622 euros par mois. Il a dû se défendre sur son compte Facebook, alors que pour Mediapart le ministre "est toujours locataire d'un appartement à vocation sociale en dépit du fait d'être l'un des élus les mieux rémunérés de la République".
"Mediapart affirme qu'il s'agit d'un logement à loyer social préférentiel (...) Cette information, si elle est avérée, je n'en n'ai moi-même jamais eu connaissance", affirme-t-il en publiant ses échanges de courriels avec l'agence immobilière, son bail et ses réponses aux questions de Mediapart et expliquant utiliser cet appartement pour accueillir ses enfants lorsqu'il en a la garde le weekend.
Il conserve la confiance du Président de la République
Au coeur d'une polémique depuis deux jours, le ministre de la Transition écologique a été reçu dans l'après-midi à Matignon, après avoir écourté un déplacement dans les Deux-Sèvres. L'exécutif, qui cherche à éviter une polémique estivale dévastatrice, un an après le déclenchement de l'affaire Benalla, montre ainsi qu'il s'est activement emparé de ce dossier, vingt-quatre heures après que la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye eut assuré que M. de Rugy conservait "bien évidemment la confiance" d'Emmanuel Macron et de son Premier ministre.
Rappelant que "tout responsable public est astreint à la double exigence de transparence et d'exemplarité", et évoquant une "émotion légitime" des Français, Matignon a annoncé avoir demandé au secrétariat général du gouvernement de diligenter une inspection afin de vérifier que les travaux entrepris dans son logement de fonction ministériel se conformaient au "respect des règles".
Directrice de cabinet limogée pour une affaire similaire
François de Rugy, qui s'était fait élire au Perchoir en juillet 2017, s'est par ailleurs dit prêt à soumettre à "une autorité de contrôle de l'Assemblée" nationale les frais engagés pour des dîners lorsqu'il en était président, a précisé Matignon.
"S'il y a des erreurs d'appréciation de ma part, je serai tout prêt également à les corriger. C'est normal, ce sont les comptes que l'on doit rendre aux Français", avait déclaré l'intéressé depuis les Deux-Sèvres. En ajoutant "comprendre que les Français puissent être un peu choqués par certaines images", tout en dénonçant "une présentation très malveillante" de Mediapart.
Le site d'information a publié plusieurs articles depuis le mercredi 10 juillet : un premier évoquant, photos de homards et de grands crus à l'appui, des dîners fastueux organisés à l'Hôtel de Lassay lorsqu'il était président de l'Assemblée nationale. L'image a marqué, et dans les Deux-Sèvres des manifestants ont accueilli le ministre avec un homard en plastique géant.
Le feuilleton s'est poursuivi jeudi avec un autre article concernant des travaux réalisés par le ministre dans son logement de fonction à l'Hôtel de Roquelaure pour un montant de 63.000 euros.
Entre-temps, Mediapart avait tiré une nouvelle salve mercredi soir avec des informations concernant un logement HLM à Paris occupé par la directrice de cabinet du ministre Nicole Klein depuis 2001 et conservé de 2006 à 2018 alors qu'elle n'habitait plus la capitale. Au point que "François de Rugy a mis fin à ses fonction de directrice de cabinet", a indiqué jeudi le ministère, confirmant des informations de Ouest-France.
"Intraitable avec sa directrice de cabinet, François de Rugy le sera-t-il avec lui-même?", s'interroge Mediapart. L'ancien écologiste s'est personnellement défendu en expliquant que ces "dîners informels" faisaient partie d'un "travail de représentation" au titre de ses fonctions.
"Il n'a pas suffisamment fait la part des choses"
Dans la nuit de mercredi à jeudi, François de Rugy a publié sur Facebook "l'intégralité des éléments de réponse" apportés aux journalistes de Mediapart. Outre un questions-réponses, le ministre a diffusé des courriels relatifs aux devis de travaux pour l'appartement de fonction qu'il occupe au ministère de la Transition écologique réalisés à partir de novembre 2018.
"Nous avons reçu une fois par mois des personnalités diverses, qui toutes avaient quelque chose à nous apprendre, à nous dire, à partager; nous voulions faire entrer la société et ses problèmes à l'hôtel de Lassay", a également assuré jeudi au Point son épouse, Séverine de Rugy, qui a ouvert les portes de son appartement à l'hebdomadaire.
M. de Rugy "pensait vraiment que c'était dans le cadre de ses fonctions" mais "n'a pas fait suffisamment la part des choses", a pour sa part jugé la députée LREM Barbara Pompili, transfuge comme M. de Rugy d'Europe Écologie-Les Verts.
Reste que François de Rugy est "isolé", il "n'a pas que des amis, donc il est plus fragile", lâche un marcheur sous couvert d'anonymat. Le délégué général de LREM, Stanislas Guerini en a appelé jeudi 11 juillet à la déontologue de l'Assemblée. Dans l'opposition, les écologistes ont appelé à la démission du ministre, par la voix de leur porte-parole, Julien Bayou, accusant M. de Rugy d'avoir été pris en "flagrant délit de mensonge".
Avec AFP
Vous avez apprécié cette information ? Pour nous permettre de préserver notre indépendance et vous proposer des contenus toujours plus nombreux et rigoureux, vous pouvez soutenir notre travail.
Si vous avez une minute et 1€, cela peut faire la différence pour nous. Merci ! #TousActeurs.