Face au défi de la transition écologique, le secteur associatif s’engage mais de manière inégale, constate la Fondation Terre Solidaire dans une étude réalisée en collaboration avec Recherche & Solidarités, et publiée en novembre dernier.
Celle-ci révèle que si 74 % des associations déclarent prendre “la mesure des enjeux” et en tenir compte “au moins ponctuellement dans leurs activités”, seulement 33 % sont réellement mobilisées. L’enquête met en lumière des disparités selon les domaines.
Alors que les associations des secteurs sociaux, culturels et de l’environnement témoignent d’un investissement plus marqué pour l’adoption de pratiques écologiques, celles des domaines du sport ou de la santé semblent plus timides.
Plusieurs freins peuvent expliquer ce résultat, à commencer par un manque de ressources financières.
Ce manque de moyens les pousse à se concentrer sur leur mission première, ce pour quoi elles sont mandatées. Cela ne veut pas dire que l’on oublie le reste, mais plutôt que l’on fait avec ce que l’on a."
-Ingrid Antier-Perrot
Un besoin de ressources financières
“Beaucoup de structures associatives fonctionnent avec des ressources financières contraintes. Aujourd’hui, la plupart dépendent, pour leur fonctionnement, des dotations des services de l’Etat et des soutiens privés, c’est-à-dire du mécénat d’entreprise et des dons des particuliers. Le problème, c’est que ces financements, publics comme privés, sont en grande tension”, explique Ingrid Antier-Perrot, déléguée générale de la Fondation Autonomia, qui a pour mission d’encourager et de préserver l’autonomie des personnes en situation de handicap, de dépendance ou concernées par toute forme d’addiction.
Pour elle, la complexité de s’engager sur des actions liées à la transition est entre autres liée au fait que les aides financières disponibles pour engager la transition au sein des structures sont encore complexes à aller chercher. "Il n’existe pas de guichet unique pour mobiliser ces soutiens financiers pour des structures associatives qui ont des ressources humaines contraintes", déplore-t-elle.
Ingrid Antier-Perrot ajoute : dans le domaine de la santé, “le premier obstacle, c’est la contraction budgétaire qui a notamment un effet sur les ressources humaines. Ce manque de moyens les pousse à se concentrer sur leur mission première, ce pour quoi elles sont mandatées. Cela ne veut pas dire que l’on oublie le reste, mais plutôt que l’on fait avec ce que l’on a”.
La déléguée générale de la Fondation Autonomia nuance son observation en soulignant que le secteur de la santé reste “très hétérogène”. Cela englobe les hôpitaux, les centres médico-sociaux, les services d’aide à domicile, les associations de soutien aux aidants...Selon les types de structures et d’activités, les marges de manoeuvre sont donc “très différentes”, note-t-elle.
Parmi les associations qui investissent de leur temps, l'accent est mis par exemple sur la gestion des déchets, médicaux et alimentaires, la rénovation énergétique ou encore les mobilités douces. “L’association Siel Bleu, avec laquelle je travaille, et qui propose des activités physiques adaptées pour les personnes âgées, a par exemple lancé un programme pour que les professionnels, qui interviennent dans l’établissement, puissent être sensibilisés à des mobilités douces comme le covoiturage...”, relève Ingrid Antier-Perrot.
"Nous constatons que la conscience des enjeux liés à la transition écologique et solidaire est tout à fait développée par les professionnels qui travaillent sur ce secteur", ajoute-t-elle.
L’écologie est souvent reléguée au second plan par manque de temps et de moyens. Même si tout le monde a conscience du sujet, ce qui mobilise en premier lieu l’énergie des bénévoles, c’est la pratique sportive."
-Arnaud Gandais
De son côté, Arnaud Gandais, co-président de l’Institut du Sport Durable, qui a pour mission “d’amplifier l’engagement environnemental des clubs sportifs”, pointe du doigt un besoin criant d’acculturation aux enjeux écologiques dans le secteur du sport.
“L’écologie est souvent reléguée au second plan par manque de temps et de moyens. Même si tout le monde a conscience du sujet, ce qui mobilise en premier lieu l’énergie des bénévoles, c’est la pratique sportive : comment accompagner les enfants dans les compétitions le week-end, comment faire du sport dans une logique compétitive..., explique-t-il.
Pour lever ces freins, l’Institut du Sport Durable a décidé de mettre à leur disposition des outils accessibles gratuitement. “Nous proposons par exemple 70 heures de e-learning à destination des entraîneurs pour qu’ils puissent se former sur différentes thématiques environnementales. Nous aidons aussi les clubs à mettre en place des actions très concrètes afin d’adapter leurs comportements aux enjeux climatiques”, précise Arnaud Gandais, avant d’ajouter : “nous voulons les faire réfléchir à ce que pourrait être le sport en 2050.”
Afin de relever ce défi, l’Institut du Sport Durable mise également sur l’implication des fédérations et des collectivités, “premiers financeurs du sport”.
“Ces acteurs ont aujourd’hui le devoir d’accompagner le tissu associatif local sur les sujets de la transition écologique. Ce n’est plus possible d’attribuer des subventions à des clubs qui n’ont pas bifurquer ou mis en place d’actions concrètes pour le climat”, lance-t-il.
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