Etapes et enjeux de la tournée de Macron dans l'océan Indien

Quatre étapes avec une obsession, "bâtir un espace commun dans la région" : Emmanuel Macron se rend de lundi à vendredi à Mayotte, La Réunion, Madagascar et l'île Maurice afin d'avancer sur une série d'enjeux liés à la place de la France dans l'océan Indien.

A MAYOTTE, LA RECONSTRUCTION (21 AVRIL)

"On a su le faire pour organiser des Jeux olympiques (...), rebâtir Notre-Dame de Paris, on le fera pour rebâtir Mayotte", a promis le chef de l'Etat en décembre.

Quatre mois après le passage du cyclone Chido, qui a dévasté l'archipel à l'habitat déjà précaire, avec toits en tôle et bidonvilles, les Mahorais restent confrontés à une situation difficile.

Les réseaux d'eau, d'électricité et de télécommunications ont été rétablis en urgence mais entre manque de financements, coordination laborieuse et pénurie de matériaux, la reconstruction patine.

Le Parlement a adopté en février une loi d'urgence qui prévoit des assouplissements aux règles d'urbanisme et des facilités fiscales pour booster la reconstruction.

Un second texte, visant à "permettre le développement économique, éducatif et social du territoire sur de nouvelles bases", doit être présenté en Conseil des ministres très "prochainement", selon l'Elysée.

Il doit contenir des mesures plus fermes de lutte contre l'immigration, notamment en direction des Comores, d'où viennent la plupart des immigrés.

A LA REUNION, GARANCE ET CHIKUNGUNYA (22-23 AVRIL)

Le chef de l'Etat va aussi faire le point sur les dégâts provoqués par le cyclone Garance en février à La Réunion et sur l'épidémie de chikungunya qui touche l'île et a fait six morts depuis le début de l'année.

Il entend aussi réaffirmer la place de La Réunion "au coeur de l'océan Indien" avec ses infrastructures de santé, de recherche parmi les "plus fortes" de la région et ses nouvelles technologies. Et son rôle de point d'appui en matière de défense avec sa base navale.

A MADAGASCAR, LE CRÂNE DU ROI ET LES ILES EPARSES (23-24 AVRIL)

Emmanuel Macron va évoquer la "restitution à venir" d'ossements humains datant de la colonisation, dont le crâne du roi Toera décapité en 1897 par les troupes françaises, un enjeu mémoriel important entre les deux pays.

Cette restitution, initialement prévue en avril avant la visite, interviendra dans "les prochains mois quand toutes les conditions seront réunies au plan logistique à Madagascar", a relevé l'Elysée, en précisant que tout était "prêt" du côté français.

Autre contentieux hérité de la décolonisation, les îles Eparses (Glorieuses, Juan de Nova, Europa, et Bassas da India), qui font partie des Terres australes et antarctiques françaises (Taaf), restent revendiquées par Madagascar.

Avec en toile de fond les ressources halieutiques et en hydrocarbures contenues dans les zones économiques exclusives générées par ces espaces.

En octobre 2019, Emmanuel Macron avait ravivé les tensions avec Madagascar en devenant le premier président français à poser le pied sur l'une d'elles, Grande glorieuse.

Le chef de l'Etat, soucieux de ménager son homologue Andry Rajoelina, plaidera cette fois pour la relance de la commission mixte chargée de se pencher sur l'avenir de l'archipel.

SOMMET DE LA COMMISSION DE L'OCEAN INDIEN (24 AVRIL)

Le sommet, qui se tiendra jeudi à Madagascar, va de nouveau poser la question de l'intégration de Mayotte dans cette organisation régionale, au même titre que La Réunion.

Les Comores, aussi membre de la COI au côté de Madagascar, l'île Maurice et les Seychelles, s'y opposent car elles contestent la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel est devenu indépendant.

"Pragmatique", Emmanuel Macron va plaider pour une "inclusion" progressive de Mayotte via des programmes de coopération tels que la santé, précise l'Elysée, au risque de décevoir les Mahorais très attachés à cet enjeu.

"Tout le monde joue sur une ligne de crête diplomatique", la "France n'est pas toujours en position de force, elle doit jouer sur différents tableaux" mais "coopérer avec elle présente aussi un intérêt pour les Etats insulaires de la région", résume Denys-Sacha Robin, maître de conférence en droit public à l'Université Paris-Nanterre.

A MAURICE, BLÉ ET OCÉANS (25 AVRIL)

A la dernière étape de la tournée à Maurice, une convention de fourniture de blé couvrant "une grande partie des besoins" de l'île sera signée.

Le président visitera aussi le bateau de Plastic Odyssey, une initiative de lutte contre la pollution plastique, et prendra la parole sur ces enjeux dans la perspective de la prochaine Conférence des Nations unies pour l'Océan qui se tiendra en juin à Nice.