La Cour des comptes propose des pistes pour améliorer l'attractivité du CNRS en utilisant mieux son importante trésorerie et en allégeant le "fardeau administratif" des chercheurs, dans un rapport sur la gestion de l'organisme sur la période 2013-23, publié mardi.
Le CNRS, premier organisme de recherche en Europe avec un budget de 4,1 milliards d'euros et deuxième opérateur de l'Etat en termes d'effectifs avec 34.000 agents, "fait preuve d'une maturité dans le domaine de la gestion digne d'être relevée dans le monde de l'enseignement supérieur et de la recherche", saluent les rapporteurs.
Il dispose de comptes "sains" et d'une trésorerie qui s'élevait à 1,4 milliard d'euros fin 2023, en croissance de 900 millions d'euros sur onze ans, grâce à des ressources propres acquises en remportant des appels d'offres de recherche ou en facturant l'utilisation de certaines plateformes techniques.
Cette situation "pourrait donner l'impression que l'organisme dispose de ressources financières surabondantes". Mais il traduit en réalité une "capacité insuffisante" à piloter cette manne dont la gestion est décentralisée entre ses 1.130 unités de recherche, note la Cour des comptes.
Les magistrats de la rue Cambon recommandent la création d'un comité stratégique, rattaché au conseil d'administration, afin d'optimiser l'utilisation de ces ressources, par exemple en les mutualisant pour l'achat d'équipements.
Ils préconisent également d'utiliser ces fonds pour "augmenter les dotations au démarrage" pour les jeunes chercheurs, afin de les "aligner sur les standards internationaux" et améliorer l'attractivité du CNRS.
Malgré son "excellence scientifique", les candidatures de chercheurs ont diminué de 36% en dix ans alors que le volume de postes offerts n'a reculé que de 18% sur la période et les concours d'ingénieurs et de techniciens sont devenus quatre fois moins sélectifs.
L'organisme va de surcroît être "confronté à un enjeu majeur de renouvellement des compétences dans les prochaines années", 32% de ses effectifs ayant plus de 55 ans, souligne le rapport.
Si la Loi de programmation de la recherche de 2020 a permis des revalorisations salariales, le CNRS n'en a "pas encore tiré toutes les potentialités", estime la Cour, qui recommande une utilisation accrue des primes individuelles pour les "personnels les plus investis".
Le rapport préconise également des pistes pour alléger le "fardeau administratif", appelant à simplifier certaines procédures et à faire "confiance aux chercheurs".
Il alerte enfin sur les failles de ses systèmes informatiques face aux risques de cyberattaque.