La France risque de manquer ses objectifs climatiques d'ici 2023, selon un document de travail du ministère de la Transition écologique établi dans le cadre de la révision de la feuille de route énergétique et de la stratégie bas-carbone.
Le pays s'est fixé un budget carbone, c'est-à-dire un volume maximum d'émissions de gaz à effet de serre à ne pas dépasser.
Mais ce budget sera dépassé jusqu'en 2023, notamment à cause d'un retard pris dans le secteur des transports et le bâtiment, selon ce document, que l'AFP a pu consulter, présenté jeudi par le ministère de la transition énergétique lors d'un point d'étape sur la révision de la feuille de route énergétique (PPE) de la France pour la période 2019-2023 et à horizon 2028, et de sa stratégie bas carbone (SNBC).
Il pourrait atteindre sur la période 2014-2018 458 millions de tonnes d'émissions de CO2 (MtCO2), contre 440 initialement prévu. Et 422 MtCO2 entre 2019 et 2023, contre 398 attendu.
Mais le document estime qu'il sera "rattrapé" entre 2024 et 2028 grâce aux progrès revus à la hausse sur l'industrie, le secteur de l'énergie et l'agriculture.
La loi sur la transition énergétique, adoptée en 2015, prévoit aussi que la consommation finale d'énergie française doit baisser de 20% en 2030 et de 50% d'ici 2050, tandis que la consommation d'énergie fossile (pétrole, charbon, gaz) doit reculer de 30% en 2030.
Mais la France ne devrait avoir réduit sa consommation d'énergie finale que de 17% en 2030 et de 44% en 2050, indique le document.
En revanche, les objectifs sur les fossiles devraient être largement dépassés (-40%) grâce notamment à l'arrêt programmé des centrales à charbon (-82% de consommation en 2030), une baisse de 28% de la consommation de gaz naturel et de 40% de celle de pétrole.
Le déploiement des énergies renouvelables sera lui légèrement plus lent qu'escompté. Eolien, solaire, hydroélectrique, biogaz, etc. ne représenteront que 31% de la consommation d'énergie en 2030, contre 32% attendu.
A plus court terme, l'objectif 2020 de consommation d'énergie finale (131,4 millions de tonnes équivalent pétrole) ne sera atteint que "vers 2026", selon ce document.
Ce scénario est une "projection", et il "sera amené à être ajusté à l'automne", notamment sur les mesures prises à court et moyen terme, prévient toutefois le ministère de la Transition écologique et solidaire dans ce document.