Jaunes, vertes, et mûres pour lancer la nouvelle offensive de Renault dans les voitures électriques: la fabrication des R5 monte en cadence à l'usine de Douai (Nord).
300 de ces petits modèles électriques colorés sortent chaque jour de l'unique ligne de fabrication de l'usine, a indiqué mercredi la direction d'Ampere, la filiale électrique de Renault, lors d'une visite de l'usine.
L'état-major du groupe Renault avait fait le déplacement pour montrer sa foi dans sa filiale, à contre-courant du ralentissement du marché des voitures électriques en Europe.
Dans le bruit des visseuses et des soudeuses, des nacelles emmènent les R5 à travers les différents ateliers de l'usine, de plus en plus automatisés. Elles se posent sur des plateformes mouvantes pour la dernière phase d'assemblage, les ouvriers bougeant avec elles.
Des centaines d'AGV, des robots-chariots au ras du sol, déposent les pièces à la dernière minute dans les ateliers.
- 10 heures -
La production de cette nouvelle R5 a été lancée en juillet. L'assemblage prend 15 heures avant le premier démarrage en bout de ligne.
Le but est de passer à moins de 10 heures d'assemblage à la fin de l'année 2025, et de diviser les coûts de fabrication par deux d'ici 2028, pour faire face à la baisse des ventes de voitures et à la concurrence chinoise.
Usine historique du groupe, Douai a produit plus de 11 millions de véhicules depuis son ouverture en 1970: après la Renault 5 originelle, les Renault 11, 19, elle a accueilli la Mégane et le monospace Scénic.
2.853 salariés travaillent à Douai, dont 216 qui ont été embauchés en CDI pour la montée en puissance de la R5 électrique.
Renault joue gros avec cette remplaçante de la Zoé et a enchaîné les présentations majestueuses et campagnes marketing (jusqu'à des collaborations avec des marques de trottinettes et de baby-foot) pour faire parler du modèle.
La première version affichée à 33.500 euros doit être rejointe début 2025 par une autre à moins de 25.000 euros, à l'autonomie plus limitée (300 kilomètres annoncés).
"Il y a 4 ans, quand on a décidé de mettre une petite voiture en France, tout le monde disait qu'on était fous", parfois même en interne, a lancé le directeur général de Renault Luca de Meo derrière l'atelier d'assemblage de batteries électriques.
"Je me bats pour faire des véhicules compétitifs en Europe", a souligné M. De Meo, alors que l'offre de voitures électrique est encore essentiellement constituée de SUV.
Le fait que Nissan ait récemment demandé à Renault de concevoir une petite électrique est "la preuve que c'est intéressant", selon M. De Meo.
- Batteries chinoises -
Le deuxième étage de l'usine ne sert plus qu'à assembler, charger et tester les 500 batteries de différentes tailles qui équipent les Mégane, Scénic et R5 électriques fabriqués au rez-de-chaussée.
Les cellules de ces batteries viennent pour l'instant de Chine et d'Europe de l'Est. Mais depuis l'atelier, derrière les parkings qui commencent à se remplir de nouveaux véhicules, on voit l'usine de batteries d'AESC, le partenaire sino-japonais de Renault.
Cette deuxième "gigafactory" française est encore en pleine construction: des camions y livraient mercredi des machines au pied de structure de 30 mètres de haut.
C'est là que seront mélangés les produits chimiques qui forment l'électrolyte, qui permet de faire circuler l'électricité dans la batterie.
L'usine d'AESC (218 salariés) doit livrer ses premières batteries à Renault en mars 2025. L'objectif ultérieur est d'équiper 180 à 200.000 véhicules par an à horizon 2026, avec près de 700 salariés supplémentaires à embaucher.
Le marché suivra-t-il? Les ventes de voitures électriques restent loin des niveaux espérés par les constructeurs en Europe pour financer leurs investissements.
"Même si la route est cahoteuse, nous restons convaincus que le futur sera électrique", a souligné le directeur opérationnel d'Ampere, le Catalan Josep Maria Recasens.
La R5 devra selon lui convaincre une deuxième vague d'automobilistes, moins motivés par la technologie mais demandant des tarifs de vente, des coûts d'usage et des autonomies plus avantageux.