Des milliers d'opposants écologistes ont bravé samedi, dans le calme, une interdiction préfectorale de manifester, en participant dans le Tarn à un rassemblement contre l'autoroute A69 Castres-Toulouse.
Ils étaient 4. à 5.000 opposants écologistes, selon les organisateurs, 2.500 à 3.000 selon la préfecture.
Plusieurs collectifs locaux et les Soulèvement de la terre ont appelé à une "Manif'Action" en début d'après-midi, point d'orgue de la mobilisation "Roue Libre", qui a débuté vendredi et se terminera dimanche.
Lors d'une conférence de presse tenue en fin de matinée sous une tente, un porte-parole des Soulèvements de la terre dénonce "un massacre des terres pour des profits". "On ne va se laisser impressionner et ils ne nous enlèveront pas la joie de lutter ensemble", a-t-il ajouté.
"Depuis le début de la semaine, (Gérald, NDLR) Darmanin fait le malin en essayant de nous faire peur mais comme vous le voyez ça ne nous empêche pas d'être des milliers car nous savons que nous sommes du bon côté de l'histoire", lance une porte-parole d'Extinction rébellion Haute-Garonne.
Au nom de 12 collectifs opposés aux unités de fabrication de goudron, un militant alerte: "On est au bord du craquage: les usines à bitume qui vont produire le revêtement de l'autoroute, c'est 700 tonnes de rejet de substances cancérigènes, mutagènes et toxiques pour la santé humaine".
Lors d'une table ronde, la député Les écologistes Christine Arrighi a apporté son "soutien à cette belle manifestation citoyenne et festive et à la défense de ceux qui sont finalement les grands pedants de cette A69: les agriculteurs qui voient leurs terres accaparées à l'heure de la crise agricole et du débat sur la souveraineté alimentaire".
- Dans le calme -
En milieu de matinée, lors d'une manifestation entre le campement revendicatif situé près du village de Puylaurens et le chantier de l'autoroute tout proche, les militants de la Confédération paysanne ont dénoncé la "bétonisation" et "l'artificialisation des sols".
Un premier cortège de plusieurs dizaines de personnes, parsemé des drapeaux jaunes du syndicat agricole, s'est rendu sur une parcelle menacée par le chantier afin d'y semer des graines "pour l'avenir", a dit à l'AFP Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne.
La manifestation écologiste, qui n'a pas été déclarée officiellement, a été interdite par la préfecture du Tarn, à la demande du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, par crainte de violences.
Dès vendredi, des centaines de personnes avaient commencé à se réunir sur un terrain privé situé près du village de Puylaurens, où plusieurs chapiteaux ont été érigés, de même que de nombreuses tentes où dorment les manifestants.
Aucun incident n'a été signalé dans la nuit de vendredi à samedi.
Environ 1.600 gendarmes et policiers ont été dépêchés aux abords de Puylaurens, avec l'objectif de contenir les manifestants sur le terrain du campement.
- Surveillance policière -
Un hélicoptère de la gendarmerie survolait en continu la zone du rassemblement.
Dans un communiqué à la mi-journée, la préfecture du Tarn a estimé que parmi les personnes mobilisées, elle avait repéré "300 à 400 cagoulées et habillées en noir".
Huit personnes ont été interpellées jeudi et vendredi, a annoncé vendredi soir le préfet du Tarn, Michel Vilbois, lors d'un point de presse, au cours duquel il a annoncé la saisie d'objets pouvant être utilisés comme "des armes" (planches à clou, couteaux de toutes tailles, frondes, serpettes, barres de fer).
"Il s'agit d'éviter absolument toute violence", a souligné le préfet qui affirme que dans ce type de mobilisation, "le cortège principal masque plusieurs autres cortèges qui ont pour objectif d'aller casser à droite et à gauche".
Construite au nom du désenclavement du bassin de Castres et Mazamet, soutenue par une majorité d'élus locaux et régionaux, l'A69 (53 km) est critiquée par des mouvements de gauche et écologistes et des scientifiques qui dénoncent la destruction de zones humides, de terres agricoles, d'arbres, d'écosystèmes et de nappes phréatiques, pour un gain de temps, selon eux, faible.
"Nous avons le devoir de nous interposer, estime une militante d'Extinction rébellion. Tant qu'on sera là, l'autoroute ne passera pas. No Macadam".