Les instances dirigeantes des entreprises du CAC 40 étaient composées à presque 28% de femmes en 2024, 2 points de plus qu'en 2023, selon une étude publiée mardi par l'observatoire Skema de la féminisation des entreprises.
Cette augmentation de la mixité est un effet direct de la loi Rixain, qui va bientôt imposer des quotas de femmes aux postes de direction des entreprises de plus de 1.000 salariés: 30% en mars 2026 et 40% en mars 2029.
Les entreprises s'y préparent: en 3 ans seulement, depuis la promulgation de la loi Rixain en 2021, la proportion de femmes dans les comités exécutifs ou les comités de direction des entreprises du CAC 40 a gagné plus de 8 points de pourcentage.
Pour ce faire, les entreprises n'ont pas nécessairement remplacé un homme par une femme. "Elles rajoutent plutôt une chaise autour de la table", explique Michel Ferrary, chercheur affilié à l'école de commerce Skema.
Pour preuve, le nombre de postes dans les instances dirigeantes des entreprises du CAC 40 a augmenté de 15 en 2024, ceux occupés par les femmes de 16, et ceux par les hommes n'a reculé que de 1.
"Il faut regarder dans le détail si les femmes nommées occupent des postes aussi importants que les hommes; une directrice de la communication ou de la RSE (responsabilité sociétale des entreprises, NDLR), ce n'est pas pareil que directeur financier," estime Michel Ferrary.
En janvier, le patron du Medef Patrick Martin s'inquiétait de l'échéance des premiers quotas de la loi Rixain.
"Nous ne serons pas prêts", se désolait-il. "Il y a des métiers qui sont genrés. Dans mon entreprise, je m'arrache les cheveux pour féminiser mon comité de direction."
Un précédent existe, celui de la loi Copé-Zimmerman, qui instaurait en 2011 des quotas dans les organes de contrôle, comme les conseils d'administration, très largement respectés aujourd'hui.
M. Ferrary dit constater depuis l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis, " un revirement des entreprises" sur la mixité. "Certaines, comme Accenture, McDonald's, ou Walmart sont en train de remettre en cause leur politique de diversité".
"Mais d'autres, comme JPMorgan refusent de revenir dessus, car elles estiment que c'est un facteur de performance", note-t-il.
max-od/jbo/vmt