Entre 1.500 et 3.000 personnes ont manifesté dimanche près de Grenoble à l'appel du collectif StopMicro et des Soulèvements de la terre contre deux projets d'extension d'usine des géants des semi-conducteurs STMicroelectronics et Soitec.
Selon les organisateurs de la marche, cette mobilisation visait à dénoncer "l'accaparement de l'eau", la pollution générée par leurs rejets dans la rivière Isère et la destruction de terres agricoles.
"Les deux usines consommeraient à elles seules 300 litres (par) secondes d'eau. Ça équivaut à la consommation de la ville de Grenoble journalière", a expliqué à l'AFP Yaelle Menot, 35 ans, une membre de StopMicro.
"Quand cette eau arrive potable, elle ressort polluée ensuite parce que pour produire ces puces, on a besoin de beaucoup de produits chimiques", a-t-elle ajouté.
Dans une ambiance bon enfant, le cortège, qui a rassemblé 3.000 personnes selon ses organisateurs, 1.500 selon les gendarmes, s'est ébranlé en début d'après-midi derrière une large banderole réclamant "de l'eau, pas des puces" avant de passer devant les sites de Soitec à Bernin et STMictroelectronics dans la commune mitoyenne de Crolles, a constaté l'AFP.
"Faut pas pucer", "de l'eau, pas des robots" ou encore "No puçaran", clin d'oeil au slogan antifasciste espagnol "no pasaran" (ils ne passeront pas), indiquaient pancartes et banderoles, tandis que des tambours rythmaient la marche sous la surveillance des gendarmes.
C'est à Bernin, près de Grenoble, que le Français Soitec prévoit d'agrandir son site, menaçant selon les militants écologistes, 11 hectares produisant actuellement des céréales et des noix.
A Crolles, le franco-italien STMicroelectronics souhaite faire de même avec son projet de plusieurs milliards d'euros en partenariat avec l'Américain GlobalFoundries.
Selon les organisateurs de la marche, les deux projets sont toutefois actuellement "en difficultés", suspendu pour le premier et à l'arrêt pour le second. "Ensemble, arrachons l'abandon définitif de ces deux projets d'extension", avaient-ils plaidé vendredi lors d'une conférence de presse.
"On est pour dire non à ce monde-là et aussi avoir envie d'un autre monde tous ensemble", a souligné Nathalie Mearcaubele, 44 ans, venue manifester en famille.
"Il y a une convergence des luttes pour protéger les écosystèmes, (...) les êtres humains (...) et aussi les non-humains", a conclu pour sa part "Ecosystème", 30 ans, militant.
A côté de Crolles, à Saint-Egrève, en marge de la manifestation, le fabricant de puces (composants) et de systèmes électroniques Teledyne a été l'objet dimanche de dégradations sous forme de graffitis, ont indiqué l'AFP les gendarmes, un acte revendiqué auprès de la presse par le "Comité Essentiellement Antipuce (CEA)".
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