Navigation décarbonée: le SeaKite d'Yves Parlier en test grandeur nature à Arcachon

Le navigateur ingénieur Yves Parlier a mis à l'eau mardi dans le Bassin d'Arcachon son bateau laboratoire qui va débuter les tests grandeurs nature de son système automatisé de traction par aile de kite destiné à décarboner le transport maritime.

"Le principe de ce bateau démonstrateur est d'accueillir à bord notre innovation majeure, un kite, un cerf-volant pour tracter les bateaux avec des voiles pouvant aller de 25 jusqu'à 200 mètres carré", a expliqué Yves Palier avant la mise à l'eau à l'aide d'une grue de son catamaran, dans le port de Meyran à Gujan-Mestras (Gironde), devant de nombreux curieux.

Héritier de l'ossature de son hydraplaneur, avec lequel le navigateur a battu plusieurs records du monde et failli perdre la vie lors du Vendée Globe en 2000, le catamaran a ensuite été piloté par son célèbre capitaine à l'aide de turbines hydro-génératrices en direction d'Arcachon, son port d'attache.

Véritable laboratoire flottant et vitrine commerciale, le Seakite, de 18 mètres de large sur 15 mètres de long et dépourvu de mât, va entrer dans les prochains jours dans une phase de tests de la voile de kite entièrement automatisée.

La voile de kite en vectran (polymère de cristaux liquides), une matière "extrêmement légère et résistante" pourra équiper tout type de navires. En faisant des "vols dynamiques", le kite captera l'énergie du vent "à l'image d'une pale d'éolienne", qui sera utilisée pour propulser l'embarcation.

"On voit le kite comme une hybridation du moteur technique. Cela représente une économie immédiate de la consommation journalière de carburant de 20%", a détaillé le marin bricoleur, vainqueur de la Solitaire du Figaro, de la Route du Rhum ou encore de la Transat Jacques Vabre.

En ligne de mire de son entreprise Beyond The Sea: la marine marchande qui devra dès 2023 accélérer la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre pour s'adapter aux nouvelles règles de l'Organisation maritime internationale (OMI).

Avec 90% du transport mondial par cargo, "il y a un marché énorme et de la place pour toutes les solutions qui marchent", a assuré Yves Parlier.

Après les premiers tests dans le Bassin d'Arcachon, le skipper et son équipe entameront une odyssée de trois ans le long des côtés françaises, en Méditerranée puis pour une double traversée transatlantique en 2026.