Notre-Dame: des abords mieux adaptés au réchauffement climatique d'ici 2028

Un parvis conçu "comme une clairière" pour rafraîchir les visiteurs l'été, un meilleur accès à la Seine, un parking sous-terrain transformé en espace d'accueil: à quelques semaines de la réouverture de Notre-Dame, la mairie de Paris a présenté mardi son projet de réaménagement des abords de la cathédrale.

La ville s'apprête à déposer les permis d'aménager et de construire aux alentours de l'édifice pour engager des travaux à l'automne 2025, avec un budget de 50 millions d'euros. Et trois ans plus tard, en 2028, "rendre à la cathédrale l'écrin dans lequel elle va pouvoir briller, dans un environnement calme et apaisé", a promis la maire PS Anne Hidalgo.

Enjeu principal du projet: adapter les alentours du chef d'oeuvre de l'art gothique, touché par un incendie en 2019, au réchauffement climatique. "C'est la question première que nous nous sommes posés, pour que ce legs patrimonial que nous avons reçu en héritage puisse s'inscrire pleinement dans une ville du XXIe siècle", a-t-elle expliqué lors d'une conférence de presse.

Une ville où les étés sont de plus en plus chauds, qui plus est sur le parvis très minéral de la cathédrale. "On ne va pas tout changer, on s'inscrit dans une longue histoire qu'on veut faire évoluer pour être plus résilients au changement climatique", a expliqué Bas Smets, l'architecte paysagiste belge en charge du projet d'aménagement du parvis, conçu "comme une clairière".

Au total, 150 arbres seront plantés de part et d'autre du parvis, pour pouvoir notamment organiser les queues à l'ombre l'été pour les visiteurs (12 à 15 millions par an), a spécifié Patrick Bloche, le premier adjoint.

Sur la place, une fine lame d'eau de cinq millimètres sera activée ponctuellement "pour rafraîchir l'air instantanément par évaporation", a détaillé Bas Smets.

Le parvis restera un sol minéral, avec des dalles calcaires de dimensions semblables à celles de l'intérieur de la cathédrale.

Les travaux s'attaqueront aussi aux souterrains du parvis, avec la transformation de l'actuel parking, fermé depuis l'incendie, en espace d'accueil. Une "grande promenade couverte" de 3.000 m2, décrit Susanne Elisson, de l'agence GRAU en charge de son aménagement.

Exit la dalle intermédiaire du parking pour faire notamment place à une librairie, un café, des sanitaires... Le tout relié à la crypte archéologique, située sous le parvis.

"Ce sera comme un passage parisien" qui donnera "un accès direct aux quais de Seine" en contrebas grâce à de nouveaux percements, décrit cette architecte. Et permettra de ressortir face à la cathédrale "avec une vision très rapprochée de l'édifice, comme c'était le cas au Moyen-Age", souligne-t-elle.

- "A l'écart du tumulte" -

Au chevet de la cathédrale, le square Jean XXIII, totalement chamboulé par l'installation de la base vie de chantier, retrouvera son dessin d'origine (1848). Et surtout ses grilles, alors que le projet initial voulait les retirer pour en faire une pelouse ouverte, soulevant une polémique.

Au printemps 2023, une pétition en ligne avait recueilli plus de 50.000 signatures, dont celle de l'animateur TV Stéphane Bern, pour demander que ce square, l'un des plus vieux de la capitale, soit restauré à l'identique.

"La mairie nous a entendus sur le maintien des grilles et je m'en félicite", a réagi auprès de l'AFP Baptiste Gianeselli, initiateur de la pétition.

"Le square Jean XXIII va rester fermé, nous avons été globalement entendus", a renchéri Didier Rykner, directeur du site "La tribune de l'art", autre opposant au projet initial.

Une nouveauté: les grilles restaurées créeront une ouverture qui n'existe plus aujourd'hui et "permettra de faire le tour de la cathédrale par le sud", a précisé Ariel Weil, maire de Paris Centre.

Quant à la pelouse du square de l'Ile-de-France, à la pointe de l'île de la Cité, qui mène au Mémorial des martyrs de la déportation, elle restera fermée. Mais ses grilles seront décalées pour plus de végétalisation.

"Il faudra veiller à ce que l'esprit de ce lieu de recueillement demeure à l'écart du tumulte de la ville", prévient M. Gianeselli.