Paris: abaisser la vitesse de circulation est "globalement bénéfique", selon un expert

Baisser la vitesse de circulation, comme vient de l'annoncer la Ville de Paris pour son périphérique, est "globalement bénéfique" pour les citoyens et la planète selon un expert du Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema).

Damien Verry est directeur du projet "modélisation et évaluation des mobilités" pour cet établissement public, qui est sous la tutelle du ministère de la Transition écologique.

Q: Pollue-t-on vraiment moins en roulant moins vite?

R: "Apaiser les déplacements en voiture est globalement bénéfique. Ca améliore la qualité de vie des riverains, permet du report modal (vers les transports publics ou les mobilités douces) un peu plus important, et ça limite l'accidentalité.

Une conduite plus apaisée, avec une vitesse moyenne moindre, permet en outre de baisser un peu les émissions.

On peut espérer qu'une réduction des vitesses puisse faire baisser les émissions, mais il n'y a pas de lien direct. Les émissions de polluants dépendent surtout des conditions de trafic.

Il y a des conducteurs qui, avec le même véhicule mais avec une conduite agressive, peuvent produire 30% d'émissions en plus. Ceux qui pratiquent l'écoconduite peuvent constater des réductions des émissions.

Ce sont souvent des mesures a posteriori qui permettent de juger de l'utilité d'une mesure. Et il ne ne faut pas se focaliser que sur un indicateur.

Q: En quoi le périphérique parisien est-il si particulier? Les nuisances sonores pourraient-elles baisser?

R: C'est le boulevard urbain le plus dense de France, au moins, avec des étendues journalières très larges, de tôt le matin à tard le soir. Il y a du monde tout le temps sur le périphérique parisien, il n'a pas le même impact que d'autres boulevards semblables, en termes de bruit la nuit, notamment.

Concernant ces nuisances sonores, on peut imaginer que ça va dans le bon sens, mais il n'y a pas de garantie. Quelqu'un qui va accélérer, freiner, aller vite, fera du bruit.

Q: Les automobilistes vont-ils perdre du temps sur leurs trajets? Cette mesure pourrait-elle limiter les bouchons?

R: La vitesse optimale pour faire passer plus de trafic c'est entre 50 et 70 km/h. Mais on roule à moins de 50 km/h au moment des congestions et la vitesse moyenne d'une voiture à Paris c'est 20 km/h, de toutes façons. L'impact sera donc limité en moyenne, minime pour ceux qui empruntent le périphérique à l'heure de pointe. Mais la nuit, par exemple, il peut y avoir un impact sur les temps de parcours.

Baisser la vitesse fait partie des mesures intéressantes pour arriver à un changement de système. On facilite l'insertion des transports collectifs, on habitue les gens à conduire plus doucement. Ça aide les autres objectifs des politiques de transport.

Cette baisse doit faire partie d'une politique générale des déplacements, qui intègre bien les besoins des habitants (urbanisme, déplacements, localisation des emplois et des services).

C'est un passage obligé si l'on veut aller vers d'autres modes, on ne peut pas garder la circulation rapide en voiture particulière. Sinon la voiture restera toujours le mode le plus efficace, sur les grandes distances notamment.