Les Objectifs de Développement Durable (ODD), adoptés en septembre 2015 par les Nations-Unies, définissent 17 priorités à atteindre pour les différents pays du monde entier d’ici à 2030. L’atteinte de ces objectifs doit permettre une transition juste vers un développement économique respectueux des citoyens et de l’environnement, en favorisant les partenariats. Tous les acteurs sont concernés : les institutions publiques, le secteur privé, les universités et les associations. Les ODD prennent la suite des Objectifs du Millénaire, huit objectifs couvrants les grands enjeux humanitaires (réduction de la pauvreté, de la faim, des maladies, accès à l’éducation) qui étaient destinés aux pays en développement pour la période 2000-2015. Cet agenda de développement a permis d’avancer sur la réduction de la pauvreté et de la faim mais a montré ses limites en termes de réduction des inégalités et pêchait par manque de transversalité.
Les ODD entendent dépasser ces écueils et ont défini une liste de 17 Objectifs de Développement Durable.
Après l’empreinte carbone des portefeuilles qui s’est développée massivement depuis 2015, nous assistons à un nouveau phénomène : l’utilisation des ODD comme cadre de reporting pour les investisseurs responsables. Pour répondre à cette nouvelle demande d’investisseurs, les agences de notation développent une offre de notation ODD. Il faut donc évaluer la part d’activités des entreprises qui contribuent positivement à un ou plusieurs de ces ODD mais aussi juger quelle autre part de ces activités constitue un obstacle sur leur trajectoire. Le premier problème pour les agences est de placer ce curseur ODD pour chaque entreprise. Cela est rendu d'autant plus difficile que ces dernières fournissent encore très peu de données pertinentes. Les reportings ESG (Environnement, Social, Gouvernance) sont élaborés sur des données passées publiées par l’entreprise. Or les reporting sur les ODD qui doivent être atteints en 2030, supposent une vision prospective et stratégique, à l’image des « politiques climat » axées sur l’objectif des 2 degrés de l’Accord de Paris.
À l’occasion des « PRI in Person », le rendez-vous annuel des acteurs de la finance responsable qui s’est déroulé à Paris la semaine dernière, Novethic s’est penché sur les pratiques des 228 investisseurs institutionnels européens signataires des Principes pour l’investissement responsable (PRI) dans une étude publiée ce 10 septembre. « La bonne nouvelle est que plus de la moitié d'entre eux y font référence, mais cela reste un engagement assez vague », souligne la directrice générale de Novethic, Anne-Catherine Husson-Traore.
Près des deux tiers des institutions européennes sensibilisées aux ODD déclarent les utiliser comme un guide pour leurs investissements. Cependant, force est de constater que dans leur reporting les indicateurs d’impact de leurs investissements – au vu des 17 ODD – restent rares et permettent peu de comparabilité.
Toujours lors des « PRI in Person », dans une réunion réservée aux acteurs francophones des PRI, Audrey Pulvar a regretté que les entreprises limitent leur communication environnementale au climat et oublient largement d’évoquer le social. Pour le Comité consultatif francophone des PRI, remettre le « S » de Social au cœur de l’approche des investisseurs, et se mobiliser pour promouvoir cette démarche au sein de la francophonie, s’est imposé comme une ligne directrice importante. Les ODD – qui comportent 7 objectifs sociaux sur le total des 17 – peuvent constituer un excellent vecteur pour y parvenir.